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[Fan-fic] D'humains à cyborgs (l'histoire de C-18 et C-17)
#11
Merci beaucoup! Icon_biggrin

Voilà la suite:



Chapitre 3: À l'hôpital




Un an et demi passa. Nato continuait à se cacher derrière son mur d'indifférence, Dona de s'enfoncer dans sa dépression. L'animosité des enfants à l'égard de leur père montait. Ils continuaient malgré tout leur entraînement drastique, et ils étaient devenus vraiment très forts, mais Nato n'était jamais satisfait. Les jumeaux étaient inscrits dans une école de Kita no Miyako. Ils avaient réussi à s'intégrer, mais ils ne s'étaient pas fait de vrais amis et préféraient rester entre eux. Quant à leurs notes, elles n'étaient pas fantastiques, mais étaient suffisamment bonnes pour qu'ils n'aient pas à s'inquiéter d'un redoublement. Compte tenu du temps qu'ils passaient à leur entraînement, temps qui débordait sur celui qui aurait dû être imparti aux études, on pouvait même considérer que leurs notes étaient extraordinaires.

Mâron et Hazel suivaient un cours d'histoire, un cours qui les ennuyait profondément. M. Rekish, un petit homme dont les quelques cheveux entourant sa calvitie étaient grisonnants, et qui portait un costume brun foncé, était absolument soporifique de l'avis de tous les bambins. Mais il avait la punition facile, voilà pourquoi ils préféraient s'ennuyer plutôt que de chahuter.

« Gérinovitch est né en 374 dans une petite ville du sud de la région du Jakchyo et est mort en 435 à Santeren, l'actuelle Naka no Miyako. Il est considéré comme l'un des plus grands philosophes du IVe siècle. Cependant, il était aussi un homme politique très important de l'histoire. Et c'est à cet aspect que nous allons nous intéresser. En effet, en tant que Premier Ministre de l'ancienne petite république de Goranz, dont Santeren était la capitale, je le rappelle, il apporta des réformes économiques très efficaces qui furent ensuite adoptées par toutes les petites nations de l'époque. Ces réformes… »

Mâron et Hazel n'écoutaient même pas, et regardaient à travers les grandes fenêtres à carreaux de style ancien. Ils se sentaient tellement peu concernés par ce qui était dit. Mais c'était à peu près pareil pour tous les cours. Cependant malgré le désintérêt pour les études qu'ils ressentaient, l'école était le seul endroit où les jumeaux se sentaient à peu près bien. Le seul lieu où ils ne ressentaient pas cette angoisse oppressante. Ils redoutaient toute la journée le moment de retourner chez eux, de retrouver le sourire vide de leur mère, essayant de se montrer chaleureuse et aimante envers ses enfants, mais ne parvenant qu'à leur communiquer son mal d'être. Puis leur père rentrait, toujours glacial. Il demandait à leur mère si ses recherches de travail avançaient, elle rétorquait que non et il n'allait pas plus loin. Il ne lui jetait pas un regard. Il demandait alors aux enfants d'aller se préparer pour leur entraînement. Ceux-ci ne ressentaient plus que de la colère pour lui. Il s'en était rendu compte, mais pensait que cela les aiderait à se battre avec plus d'ardeur.

« Mâron, est-ce que tu peux me répéter ce que je viens de dire ? »
Elle sursauta.
« Et merde ! » pensa-t-elle. « Pourquoi moi ? Personne n'écoute de toute façon !
- Alors ?
- Et puis va te faire voir ! » continua-t-elle en elle-même. « Non. » Cette fois-ci, elle parla à haute voix.
« Et pourquoi ça ?
- Parce que ça ne m'intéresse pas ! » répondit-elle sèchement, agacée par l'insistance de l'instituteur.
Tout le monde se mit à rire. Mais un regard furieux de M. Rekish suffit à les faire taire. La trentaine d'élèves assis sur des pupitres en bois individuels, se calma et détourna les yeux. Sauf Mâron et Hazel qui n'avaient même pas réagi à cette technique pourtant si efficace avec les autres élèves. Le professeur n'appréciait pas du tout. Il pensait que pour se faire respecter, il fallait s'imposer. Or il sentait bien que ces deux jumeaux étaient loin de le trouver impressionnant, c'est pourquoi il ne les aimait pas beaucoup.

« Au bureau de M. Kocho ! Et vite ! On va voir si tu fais toujours la maligne ! »
Mâron obéit mais rit intérieurement. Il ne pensait quand même pas qu'elle avait peur du proviseur ? Elle était habituée à bien plus coriace. Elle repoussa sa petite natte derrière son dos recouvert d'un simple t-shirt blanc, puis elle passa sa main sur son jean, comme pour le défroisser, et prenant son sac à doc bleu marin, elle se dirigea vers la porte. Son frère ricana sous cape, repoussant ses cheveux qui lui arrivaient pile au niveau des yeux. Pendant qu'elle sortait, le professeur continua sa leçon.

« Gérinovich fut aussi le premier à proposer, lors de la fameuse Conférence de Jineba en 412, la formation d'un super état qui regrouperait tous les petits pays d'alors en une grande fédération. Bien qu'on lui ait ri au nez, il parvient quand même à faire accepter un accord de libre échange complet qui aboutira six ans plus tard sur le Traité de Parsley City. C'était le début de ce qui deviendra cette future supra nation que nous connaissons tous et dans laquelle nous vivons. Le plus incroyable est que Gérinovitch avait déjà préparé ce qui pourrait être les fondements politiques pour le bon fonctionnement d'un tel état. Ces fondements sont encore actuellement utilisés par le Roi Kokuô ! »

Elle alla chez le proviseur, dont le bureau avait le même style ancien que toute la bâtisse. Le relativement jeune proviseur en lui-même affichait un air sérieux et élégant, dans son petit costard bleu-gris et avec sa petite moustache du même brun que ses cheveux bien peignés en arrière. Elle lui raconta pourquoi on la lui avait envoyée, sans même essayer d'enjoliver les choses en sa faveur. M. Rekish entra dans la pièce quelques minutes plus tard et se joignit à la leçon de morale qu'avait entamée le proviseur. Elle ne fit même pas semblant d'écouter, mais ils ne parurent pas le remarquer puisqu'ils finirent par la laisser partir avec deux heures de colle et une copie à rendre pour la semaine suivante. Deux heures de colle ? Ils ne se rendaient même pas compte à quel point cela la soulageait.

Une fois sortie du bureau, elle se dirigea vers la cours de récréation, un grand espace goudronné avec quelques arbres dispercés de-ci de-là, et des tables en bois réparties dans certaines zones. Au moment de sortir, un garçon de sa classe, Enpits, l'apostropha.
« Eh ! Tu sais que je t'ai trouvée cool tout à l'heure ? Tu l'as bien remis à sa place. J'aimerais bien pouvoir faire pareil !
- Et pourquoi tu ne le fais pas, alors ? » répondit-elle, indifférente.
« T'es folle ! J'oserais jamais !
- Alors ne dis pas de paroles en l'air !
- Allez ! Sois pas si méchante. Tu sais, tu me plais beaucoup !
- Ah, oui ? Et bien ce n'est pas réciproque.
- Eh! Sois cool ! Détends-toi ! Je te trouve très mignonne ! »
Il lui mit la main aux fesses. Malheureusement pour lui, il ne savait pas qu'elle était une disciple du kurumisenryu, et encore moins qu'elle pourrait facilement assommer un adulte. La réaction ne se fit pas attendre. Elle lui envoya un violent coup du revers de la main. Il se retrouva à terre.
« Recommence ça, et je te brise tous les doigts de la main ! »

Le garçon, pleurant, se mit à saigner drument du nez. Mâron se demanda alors si elle n'y était pas allée un peu fort. Elle s'apprêtait à l'aider à se relever, mais il la repoussa. C'est alors qu'un grand gaillard d'une classe supérieure s'approcha. Il devait bien avoir trois ans de plus que Mâron.
« Dis donc, toi, qu'est-ce que tu viens de faire à mon petit frère ? »
Elle toisa le grand garçon du regard. Elle était désolée qu'Enpits saigne autant, mais pas au point de se rabaisser en s'excusant alors que c'était lui qui l'avait provoquée. Elle répondit donc : « Je l'ai frappé. Ça te pose un problème ? Il n'avait qu'à ne pas poser ses sales pattes sur moi ! »

Elle allait s'éloigner mais quatre autres grands adolescents, deux garçons et deux filles lui barrèrent la route. Le frère d'Enpits lui dit : « Tu ne crois quand même pas que je vais te laisser te tirer après ce que tu as fait à mon petit frère ? On ne touche pas à la famille. »
Elle le dévisagea. Elle se disait bien que sa tête lui était familière, c'était Grafit, la brute du coin, et sa bande. Ainsi c'était le grand frère d'Enpits ? Elle regarda en direction de sa victime et vit qu'il la fixait d'un air goguenard malgré une expression toujours endolorie et des larmes aux yeux, la main sur le visage, le sang filtrant toujours au travers. Ils ne s'imaginaient tout de même pas lui faire peur ? Hazel qui voyait la scène de loin, s'approcha, dans son t-shirt rouge sans manches et son short beige.
« Un coup de main soeurette ?
- Fais comme tu veux. »

Des enfants s'étaient déjà agglutinés, flairant la bagarre.
« Mais pour qui ils se prennent ? » pesta Grafit. « Que l'un de vous s'occupe du gosse. Mais laissez-moi la gamine. »
Mâron lui jeta un regard glacial droit dans les yeux. Cela le mit encore plus en furie.
« Tu va arrêter de te croire supérieure !
- Mais je te suis supérieure, grosse brute sans cervelle. » répondit-elle avec un sourire en coin.
Cette phrase fit frémir tous ceux qui, parmi les spectateurs de la scène, avaient déjà eu à faire à Grafit. Ils se demandaient où cette fille trouvait le courage ou la folie de lui parler ainsi.
« Quoi ? ! ? »
Il leva le bras pour la frapper, mais avant qu'il n'ait le temps de le baisser, Mâron lui fila un crochet du droit avec tout le poids de son corps dans le ventre. Grafit se plia en deux sous le regard ébahi des ses compagnons.
« Qu'est-ce que… Grafit !
- Sale gamine ! »

Les autres adolescents s'apprêtaient à attaquer Mâron, mais Hazel donna deux légers et rapides coups de pieds sur l'arrière du genou d'une d'entre eux, celle-ci perdit l'équilibre et s'effondra. Les autres s'arrêtèrent, sur le point de trébucher sur la jeune fille.
« Je commence à perdre patience ! On ne va quand même pas se faire ridiculiser par des gosses ! »
Sur ces mots, Grafit se releva. Les cinq adolescents encerclèrent les jumeaux. Ceux-ci avaient les nerfs à vif. Ils avaient juste envie d'être tranquilles au moins un moment dans la journée, mais ces brutes les avaient vraiment mis en colère et ils voulaient en découdre. Hazel lança la première attaque, il se dirigea vers l'une des filles, celle-ci allait riposter, mais, au dernier au moment, il changea de direction et fonça vers Grafit qui était juste à côté. Il repoussa le bras de la fille du bout des doigts vers l'avant de la poitrine de celle-ci, et, dans un même mouvement, frappa du bout des quatre doigts de son autre main la gorge de Grafit qui en eut le souffle coupé. L'adolescente, distraite, n'eut pas le temps de voir Mâron lui sauter dessus pour lui asséner un coup de pied au visage. Elle fut propulsée au sol. La bagarre aurait pu continuer, si un professeur n'avait pas hurlé :
« Qu'est-ce qu'il se passe ici ? »
Mâron tiqua quand elle se rendit compte que c'était encore M. Rekish. Apparemment, il avait été assigné pour surveiller le préau. Celui-ci aussi les regarda d'un air agacé quand il comprit que c'était Hazel et Mâron.
« Encore toi ? Décidément, tu n'en rates pas une, aujourd'hui ? Une bagarre à présent ? Et avec ton frère aussi ? Vous allez tous me faire le plaisir de m'accompagner chez M. Kocho ! »

Ni Mâron, ni Hazel n'essayèrent de protester que c'était Grafit et sa clique qui les avaient provoqués, et personne ne le fit à leur place. Rekish chargea un élève d'emmener Enpits à l'infirmerie, puis accompagna les jumeaux et la bande de Grafit chez le proviseur. Les cinq adolescents furent les premiers à passer devant Kocho. Quand ils sortirent de son bureau, ils jetèrent un regard noir aux petits et ceux-ci entrèrent. Une fois de plus Mâron se retrouva dans le bureau du proviseur, cette fois-ci accompagnée de son frère. Encore une fois le proviseur teint un discours moralisateur que les deux enfants n'écoutèrent pas, mais cette fois-ci M. Kocho ne l'entendait pas de cette oreille et s'aperçut qu'il n'avait pas l'attention des jumeaux.
« Petits impertinents ! Vous… »
Il fut interrompu par la sonnerie du téléphone.
« Oui ! … Comment ? Écoutez Hisho, je suis occupé. Est-ce que… … Comment ? … Oui… Je viens… »
Il raccrocha. Étrange, sa voix était passée de la colère à l'inquiétude en un instant. Il se leva.
« Restez là les enfants, je reviens tout de suite. M. Rekish restez avec eux. »

Les enfants n'en revenaient pas, auraient-ils senti de la douceur dans son intonation ? Il poussa la porte. Mâron et Hazel tentèrent de jeter un œil à l'extérieur. Mais ils ne parvinrent pas à voir quoique ce soit.
« Restez tranquilles ! » tonna Rekish.
Il ne changeait pas, lui. Les jumeaux patientèrent un moment avant que M. Kocho n'ouvre enfin la porte. Ils aperçurent ce qui semblait être un policier. Le proviseur appela Rekish, celui-ci, paraissant intrigué, avança vers lui. Ils restèrent un moment sur le seuil de la pièce, Kocho murmura quelque chose au professeur que les enfants ne purent saisir. Cependant ils virent Rekish prendre un air choqué et l'entendirent souffler "Mon Dieu !" Puis, ils acquiescèrent tous les deux et l'enseignant sortit de la pièce en leur jetant un regard compatissant. Là, c'était sûr, quelque chose n'allait pas. Ils virent Kocho s'approcher d'eux d'un air triste. Leurs cœurs battaient la chamade. Ils étaient franchement inquiets. L'homme s'accroupit devant eux.
« Les enfants, j'ai une mauvaise nouvelle, votre mère a eu un accident. Elle est à l'hôpital. Elle… Elle est dans un état critique. »

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Mâron et Hazel étaient dans la voiture des deux policières qui les emmenaient à l'hôpital. Ils avaient l'impression que leurs cœurs allaient bondir hors de leurs corps. Apparemment leur mère s'était fait renverser par une voiture alors qu'elle traversait la rue. Le chauffard s'était ensuite enfui. C'était tout ce que les enfants avaient pu soutirer des deux agentes de police à force de les marteler de questions. Celles-ci leur avaient aussi dit qu'on n'avait pas réussi à contacter leur père. D'autres policiers étaient alors partis le chercher à son lieu de travail que son employeur leur avait indiqué, le stade Sakkâ où il était responsable de la sécurité pour la journée. Mais ça, les enfants s'en fichaient car ils savaient que l'accident de leur mère n'intéresserait pas leur père.

Une fois arrivés à l'hôpital, les quatre allèrent droit à la réception.
« Bonjour monsieur, Agentes Manacle et Païpu, pourrions-nous savoir le numéro de la chambre de Mme Nuss Dona, s'il vous plaît ? »
Les deux agentes, habillées du même uniforme bleu à casquette, auraient pu former un duo comique si les circonstances s'y étaient prêtées, tant elles avaient un physique opposé. Manacle était petite mais corpulente, avait la peau noire, des cheveux frisés et de grands yeux. Alors que Païpu était grande et élancée, avec une peau pâle, des cheveux noires, longs et lisses et des yeux en amande. L'infirmier en charge les toisa un moment, puis sembla étonné quand il vit que ces deux policières étaient accompagnées de deux enfants.
« C'est… C'est pourquoi ?
- Nous accompagnons ses enfants. »
Il jeta un regard sur les visages angoissés de Mâron et Hazel, puis sans dire un mot tapota sur un ordinateur et informa : « Chambre 413. »

Suivis des deux policières, les jumeaux arrivèrent à la chambre 413 où ils firent face à un spectacle terrifiant. Leur mère, qui avait le visage en partie couvert de bandelettes ensanglantées et un torse nu dans le même état, se débattait avec les médecins et les infirmiers. Elle hurlait et sanglotait.
« S'il vous plaît, ne me laissez pas mourir !
- Bien sûr que non, madame ! Calmez-vous !
- Vous… Vous ne comprenez pas ! Là-bas c'est horrible ! C'est… C'est pire que tout !
- Madame, calmez-vous ! Vous ouvrez toutes vos plaies !
- On souffre atrocement ! Terreur ! Sou… Souffrance ! Douleeuuuur !
- Vite ! Zéro trois de morphine !
- Non ! Non ! Pas de morphine ! Je veux rester réveillée !
- Bon sang ! Il faut la calmer !
- Je ne veux pas retourner là-baaas !
- Mais sanglez-la ! »
Soudain, Dona aperçut ses enfants.
« Mâron ! Hazel ! Aidez-moi ! Empêchez-les de me faire ça ! »

L'agente Païpu éloigna les enfants de la chambre. Ils entendirent quelques hurlements.
« Tenez-lui le bras pendant que j'injecte !
- Noooon !
- Mais tenez-lui le bras ! »
Puis les hurlements s'apaisèrent peu à peu, jusqu'à ce qu'on ne les entende plus. Hazel et Mâron étaient prostrés sur le banc dans lequel les policières les avaient installés. L'hôpital émettait tous les bruits classiques de n'importe quel hôpital, avait la même odeur et il était d'une blancheur immaculée et oppressante. Les deux enfants se sentaient impuissants. Puis après quelques minutes un médecin vint leur annoncer qu'ils pouvaient aller voir leur mère. Ses bandelettes n'étaient plus aussi imprégnées de sang que tout à l'heure, sans doute les avait-on changées. Elle avait le visage un peu adouci. Elle était dans une chambre individuelle, aussi blanche que le reste de l'hôpital. Après un long moment silencieux auprès de leur mère, Hazel se leva.
« Je vais nous chercher un verre d'eau. »

Mâron ne répondit pas. En revenant, Hazel surprit une conversation entre Manacle et un médecin. Il était dans un angle de vue difficile pour les deux adultes et il les écouta.
« Comment va-t-elle docteur ?
- Et bien, ses blessures sont très graves et elle a de nombreuses hémorragies internes et des côtes brisées. Mais le plus inquiétant est son état d'excitation intense. Elle est arrivée ici inconsciente et on l'a soignée comme on pouvait, mais une fois réveillée elle s'est mise à s'agiter violemment et à tenir des propos incohérents. Je n'ai jamais vu quelqu'un avec un air aussi effrayé. À vrai dire, je ne comprends pas comment elle peut avoir la force de s'agiter ainsi, avec six côtes cassées, elle ne devrait même plus pouvoir remuer. Nous avons eu le plus grand mal à la calmer, nous lui avons injecté de la morphine à trois reprises. Mais ces agitations ont beaucoup aggravé son état.
- Je vois…
- Je sais que vous vouliez l'interroger pour qu'elle vous donne la description du chauffard ou de son véhicule, mais très franchement elle n'est pas en état…
- Nous comprenons. Nous avons essayé de trouver des témoins oculaires qui nous donneraient des indications sur le conducteur, mais comme très souvent dans ces cas, tout le monde a vu la scène, mais personne n’a vu le chauffard… Une voiture blanche à roues, c'est tout ce qu'on sait. Nous n’avons pu qu’obtenir des témoignages sur le comportement de Mme Nuss. Ils s’accordent tous pour dire qu’elle avait l’air terriblement déprimée et qu’elle a traversé la rue de manière très imprudente. »
Hazel reteint son souffle.

« Mon Dieu ! Un suicide ? Pourtant, tout à l'heure…
- Non. Je ne pense pas… On ne se suicide pas avec des commissions que l’on vient de faire…
- Tant mieux… C’est déjà dur comme ça. Je n’arrête pas de penser à ses enfants… Vous avez des nouvelles du père ?
- Justement, mon équipière est allée appeler nos collègues pour savoir s'ils arrivent. Ils étaient en route… Malheureusement ils étaient coincés dans un embouteillage dû à un carambolage, la dernière fois qu'on leur a parlé. J'espère que ça va mieux.
- J'espère qu'ils ne mettront pas trop longtemps, car je ne pense pas qu'elle passera la nuit.
- Mon dieu ! Vous… Vous êtes sûr ?
- Malheureusement… Il y a très peu de chances qu'elle survive…
- Pauvres enfants… »
À ce moment, ils entendirent un bruit d'eau. Hazel venait de laisser tomber les gobelets, sous le choc.
« Tu… Tu étais là… ? »
Les deux adultes regardèrent l'enfant d'un air triste. Manacle s'avança vers Hazel, s'agenouilla et le prit dans ses bras. Le monde de Hazel était sur le point de s'écrouler pour la deuxième fois dans sa vie. Mais il ne pleura pas.

Quand il retourna dans la chambre, il ne dit pas un mot. Il n'avait pas ramené d'eau et Mâron ne posa pas de questions. Dona était toujours endormie mais marmonnait un charabia incompréhensible, on pouvait juste saisir quelques mots, "mort", "souffrance", "là-bas", "terreur" et d'autres choses incohérentes. Il s'approcha du lit pour se mettre à son chevet. Il observa son visage à moitié couvert par des bandages. Quand tout a coup sa mère ouvrit des yeux révulsés, saisit fortement le poignet de Mâron et murmura d'une voix d'outre-tombe : « Je ne veux pas retourner là-bas… »

Les deux enfants sursautèrent. Mâron finit par crier à Hazel : « Va chercher un médecin. »
Celui-ci s'exécuta. Il courut vers le médecin.
« Venez vite ! Maman s'est réveillée !
- Quoi ? ! Mais c'est impossible avec toute la morphine qu'on lui a administrée ! »
Il appela tout de même une autre médecin et des infirmiers. Ils accoururent tous vers la chambre, y compris les deux policières qui voulaient savoir ce qui se passait.

Quand ils arrivèrent dans la chambre Dona tenait toujours le poignet de sa fille, mais avait les yeux fermés, la face crispée. Le rythme cardiaque affichait à plat sur l'écran. Un son aigu et continu se faisait entendre. Mâron se retourna. Une expression indescriptible sur le visage et une intonation indéfinissable dans la voix, elle souffla : « Elle ne veut pas me lâcher… »
Tout le monde eut froid dans le dos et se figea une seconde. Puis un médecin reprit ses esprits.
« Elle est en arrêt cardiaque. Vite ! Allez chercher un défibrillateur et dégager sa fille de son étreinte, sinon on va l'électrocuter ! En attendant, je vais lui faire un massage cardiaque ! »
Le médecin se mit au travail. Tandis que l'autre docteure ramenait le défibrillateur, mais elle ne put l'appliquer car les infirmiers ne parvenaient pas à faire lâcher prise à la mère. Pourtant, celle-ci était morte. Seuls ses muscles crispés la faisaient s'accrocher à sa fille.
« Mais bon sang ! D'où vient cette rigidité musculaire ? »

Hazel assistait à la scène, complètement paralysé, sur le pas de la porte. Il revivait les événements de deux ans plus tôt. L'impuissance. L'angoisse. L'incompréhension. La terreur. Sa mère morte. Ses bandages s'étaient à nouveau couverts de sang. Le regard de sa sœur était redevenu aussi vide que ce jour-là. Cette fois-ci, il ne pleurait pas. Pendant qu'on brisait les doigts de sa mère pour la délivrer, Mâron resta impassible. L'agente Manacle prit Hazel par les épaules et l'éloigna de la chambre.

Quand leur père arriva enfin, il était trop tard. Ses enfants, lorsqu'ils le virent entrer dans la chambre où ils étaient restés sans bouger, sans parler et sans avoir la moindre réaction jusque-là, lui jetèrent un regard plein de haine. Leur mère était morte sans avoir eu l'écoute qu'elle demandait. Ils sortirent. Nato les regarda un moment, impassible, s'éloigner de lui. Il s'assit au chevet de sa défunte épouse, repoussa la couverture, contempla son visage livide un moment, lui prit délicatement sa main encore intacte, posa doucement son propre visage dessus et pleura en silence.
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#12
Chapitre 4: Un jour comme un autre




Ils étaient tous les trois dans le skycar familial. Ils rentraient après avoir passé plusieurs heures à l'hôpital, toute la nuit en fait. Le père était resté un long moment au chevet du corps sans vie de son épouse. Les enfants, prostrés, n'avaient pas bougé des chaises dans le long couloir, à côté de la chambre de leur mère. Beaucoup de personnel et de gens venus visité des patients les regardaient curieusement, mais ne s'arrêtaient pas. Manacle et Païpu, les deux agentes, ayant fini leur service n'avaient pas quitté les deux enfants. Elles avaient essayé de leur faire évacuer leur chagrin. Mais ce fut vain, Mâron et Hazel étaient demeurés silencieux et n'avaient versé aucune larme. Tout ce qu'elles pouvaient faire, était leur apporter une présence réconfortante. Lorsque Nato était enfin sorti de la chambre de sa femme, il avait les yeux rouges d'avoir pleurer. Il avait réglé toutes les affaires administratives immédiates concernant le décès de Dona, puis s'était dirigé vers ses enfants. Les deux agentes s'étaient alors effacées. Il s'était assis auprès d'eux. Ils étaient restés ainsi quelques minutes, puis il avait tenté un geste de tendresse, mais Mâron et Hazel l'avaient repoussé. Il avait essayé de leur parler, mais ils ne l'écoutaient pas. Pour la première fois depuis deux ans et demi, il avait voulu établir un vrai contact avec eux, mais il avait échoué.

Il regarda à travers le rétroviseur et observa ses enfants. C'était peut-être trop tard. Il avait coupé la communication depuis trop longtemps. Mais il se devait de tout faire pour la reprendre. Il s'était enfin réveillé, mais le réveil était dur. Il avait perdu son épouse. Il l'avait enfermée dans le silence, et ses amers regrets ne pourraient jamais changer cet état de fait. Mais il avait bien l'intention de libérer ses enfants de cet enfermement.

Ils finirent par arriver chez eux. Bien qu'ils n'eussent pas dormi de la nuit, ils n'allèrent pas se coucher immédiatement. Évidemment, ils ressentaient un grand vide. Le fait de savoir qu'elle ne serait plus jamais là… Mâron et Hazel espéraient que le ciel redeviendrait noir. Mais ils savaient que ça n'arriverait pas. Cette mort était trop réelle contrairement à la dernière fois. L'absence de leur mère était pesante, mais ils allaient devoir s'y faire. Ils ne la reverraient plus, malgré tous leurs espoirs que le ciel s'obscurcisse. Ce sentiment était nouveau pour Nato, et il se demandait comment il allait remplir ce vide. Ses enfants, eux, connaissaient bien cette émotion. Ils l'avaient vécue deux ans et demi auparavant. Mais cette fois-ci, ils ne revoyaient pas un bon souvenir à chaque coin de l'appartement, non. Ils se rappelaient seulement des sourires vides de leur mère, de son désespoir de plus en plus profond. Leur colère envers leur père montait, ils en ressentaient presque de la haine.

Nato alla dans la cuisine, il prépara un lait chaud et quelques biscuits. Il les rapporta dans la salle de séjour. Il savait que reprendre le contact avec ses enfants n'allait pas être chose facile. Il devait y aller doucement.
« Tenez… Vous n'avez rien mangé depuis hier midi. Mangez ça. Ensuite, allez vous coucher. Vous avez besoin de dormir un peu. Je vous préparerai quelque chose de plus consistant à votre réveil. »

Les enfants lui jetèrent un regard haineux, se levèrent et partir dans leurs chambres. La colère qu'ils ressentaient envers lui les aveuglait tant, qu'ils ne se rendirent pas compte qu'après deux ans et demi il était enfin redevenu leur père. Après qu'ils étaient sortis de la pièce, Nato fixa les deux tasses de lait et les biscuits. Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues. Il sentait que cela allait souvent arriver, mais il s'en fichait, il s'était libéré. Même s'il avait fallu une tragédie pour cela, il s'était libéré. Et il espérait juste que cela ne soit pas trop tard pour eux, au moins.

Les jumeaux s'étaient réunis dans la chambre de Hazel. Cependant ils ne disaient pas un mot, la présence de l'autre les réconfortait, et c'était tout ce dont ils avaient besoin. Ils avaient tous les deux enfilés leur tenues pour se coucher, de simples t-shirts blancs et des bas de training jaune pour le garçon et bleu pour la fille. Le brun était couché sur son lit, tourné vers le mur. Mâron était assise au pied de ce même lit. Elle observait le mur d'en face, recouvert des posters des groupes préférés de son frère. Au bout, d'un moment, elle entendit un léger gémissement. Elle se leva et regarda son frère.
« Hazel… ? »

Il dormait, mais une larme coulait le long de sa joue. Il devait rêver. Sa sœur essuya la larme et lui caressa la joue. Elle sourit tristement. Elle couvrit son frère, puis se coucha dos à dos avec lui. Elle s'assoupit rapidement. Le père passa dans la chambre et vit qu'ils dormaient tous les deux. Il eut un sourire à la fois tendre et mélancolique. Il fouilla dans une armoire, en sortit une couverture et en recouvrit Mâron. Il alla lui aussi se coucher.

Quelques jours plus tard, eurent lieu les funérailles. Le ciel ne s'était pas assombri. Malgré le petit et vain espoir que les deux enfants avaient eu, il n'y eut pas de second miracle. La police avait cherché le meurtrier de leur mère, celui qui s'était enfui après l'avoir renversée, mais ne le retrouvèrent pas.

Nato avait essayé tout le temps d'avant la cérémonie de se rapprocher de ses enfants, mais ce fut inutile, ils se muraient dans une haine silencieuse. Le pire était que cela les empêchait d'exprimer leur chagrin. Il se sentait extrêmement coupable vis à vis de Dona, mais aussi des jumeaux. Il avait songé à déménager, mais il avait renoncé devant l'exemple du gâchis qui s'était produit malgré leur dernier départ. Partir ne servirait à rien, il fallait qu'il résolve cela là où ils étaient déjà.

Il n'y avait pas grand monde à ces funérailles. Leurs grand-parents étaient tous décédés, d'ailleurs à part la mère de leur père, Mâron et Hazel n'en avaient connu aucun. Dona avait bien eu un petit frère, mais celui-ci était mort bébé et Nato était fils unique. Quant aux rares amis que la famille avait à l'époque où ils vivaient en montagne, ils les avaient tous perdus en déménageant, n'ayant donné leurs coordonnées à aucun d'eux. Et vu l'isolement psychologique dans lequel toute la famille s'était plongée, ils ne s'étaient évidemment pas fait de nouveaux amis à Kita no Miyako. Ainsi, à part Nato, Mâron, Hazel et les agentes Manacle et Païpu, qui avaient eu la gentillesse de venir assister à la cérémonie avec eux, il n'y avait personne. Le cimetière était vide. Cependant, Hazel remarqua une femme brune qui restait debout au loin. Elle resta là un moment regardant dans leur direction puis le sol. Elle finit par partir.

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Un peu plus de six ans plus tard, le 12 octobre 761, dans une grotte des montagnes au sud de Kita no Miyako aménagée en laboratoire plein de machines et de cables dispersés partout, un homme aux cheveux grisonnants gémissait dans son long blouson blanc. Il frappa sur son bureau plein de paperasses et de plans mécaniques.

« Non ! Il… Il ne peut pas être mort ! C'est moi qui devais le tuer ! Pas cette espèce d'extraterrestre débarqué d'on ne sait où ! Noooooon ! Ma vengeance ! Tout ce pourquoi j'ai vécu ces onze dernières années ! Vain ! Tout cela n'a servi à rien ! Tout ce que j'ai construit ! »
Il renversa tout de son bureau et continua à frapper dessus en pleurant et hurlant. Il finit par se calmer, essoufflé.
« Du… Du calme ! Réfléchis un peu. Ses amis vont le ressusciter. Oui, d'ici un an il reviendra et quand ils se seront débarrassés des deux autres Saiyans, tout reviendra à la normale, et j'aurais en plus pu récolter d'autres données de leurs combats. Oui, voilà, je dois persévérer ! »

Il se dirigea vers ce qui semblait être une table d'opération derrière lui. Un corps s'y trouvait, de nombreux câbles lui étaient reliés.
« Jusqu'à maintenant j'ai toujours utilisé des batteries rechargeables. Malheureusement, ce type de batterie a une durée très limitée avant de devoir être rechargée. J'ai à chaque fois amélioré les capacités de stockage énergétique, mais je n'ai pas réussi à enrayer ce défaut. Avec les nombreux pouvoirs que j'ai dû leur donner, le type de batterie que N°8 utilisait n'était pas aussi efficace avec les androïdes 9 à 15, car il se décharge beaucoup trop rapidement. Mais cette fois, j'ai réussi à créer une batterie aux capacités infinies ! Et tu vas en bénéficier mon petit N°16. Fu ! Fu ! Fu ! N°10, va me chercher la batterie. »
Une personne adossée au mur, immobile, bougea soudainement.
« Hé ! Hé ! N°16, tu seras mon chef-d'œuvre. »

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Le même jour, un peu plus au nord, à Kita no Miyako, dans une salle de jeux, deux adolescents jouent à un jeu d'arcade rétro.
« Bon sang, Mâron, si tu crois que tu va m'avoir comme ça ! »
La jeune fille ne répondit rien. Elle avait un air indifférent.
« Merde ! J'en reviens pas ! Comment tu peux gagner en t'en foutant ?!
- Partons. Je m'ennuie. Je ne vois vraiment pas pourquoi tu m'as traînée ici. Quel endroit nul !
- Ohlala ! Sœurette, tu pourrais au moins faire semblant de t'intéresser à ce que je te dis. »

Beaucoup de gens dans la salle de jeux surpeuplée, les suivaient du regard. Il faut dire que leurs traits fins et leurs yeux d'un bleu cristallin et perçants n'étaient qu'un exemple de leur beauté. Mâron portait un jeans bleu, moulant, déchiré aux deux genoux et un léger juste-au-corps rouge, sans manches, le col montant jusqu'au milieu du cou. Elle avait des mitaines de cuir noir et des baskets noires aux lacets rouges. Une large ceinture noire était posée sur ses hanches. Ces longs cheveux blonds lui tombaient sur les épaules. Hazel, lui, arborait aussi un simple jeans bleu, déchiré, serré avec une ceinture brune et un t-shirt moulant, vert militaire, aux manches arrachées. Il chaussait de larges bottes noires-vertes, délacées. Ses cheveux mi-longs étaient coiffés en arrière. Il avait de plus un foulard orange enroulé autour d'un de ses bras.

Tout à coup, le regard de Mâron fut attiré par quelque chose. Elle se mit à sourire. Hazel, intrigué, porta son attention dans la même direction. Comprenant ce que pensait sa sœur, il prit aussi un air satisfait. Dans le fond, à côté des vitrines de l'établissement, se trouvait un groupe de voyous, cinq garçons et trois filles. Ils parlaient vulgairement et très bruyamment. Les deux jumeaux se dirigèrent vers la bande. Lorsqu'un des garçons du groupe, du genre bien musclé, celui qui était le plus proche de Mâron, les aperçut, il dit à la jeune fille :
« Hé ! Ma petite blondinette ! Qu'est-ce que tu me veux ? Je te plais, c'est ça ? Tu sais que t'as de la chance ! T'es plutôt mon genre ! »

Ce n'était pas la première fois que Mâron se faisait aborder de manière aussi minable. Elle commençait à s'y habituer même si ça ne lui plaisait pas particulièrement. Cependant, elle savait qu'elle allait pouvoir se défouler. Elle se comporta comme elle le faisait toujours. Elle sourit malicieusement.
« Tu sais que toi aussi tu es mon genre…
- Oh ! Oh ! Oh !
- T'as une touche, on dirait ! Et elle est canon, la poupée ! Tu m'en laisseras un peu, après.
- Tu rêves, je garde tout pour moi ! »
Tous les loubards, y compris les filles, riaient grassement. C'était une constante chez les membres de gangs de la ville, qu'il soit garçons ou filles, hétéros ou homos, ils riaient grassement aux blagues vulgaires.
« Tout à fait le genre de mec que j'aime tabasser. »

Là, tous les gloussements cessèrent en un instant.
« Quoi ?! Non mais comment qu'elle me cause l'autre pétasse ! »
Les rires reprirent de plus belle. Elle ressentait un grand plaisir à l'idée qu'elle allait se défouler.
« Ha ! Ha ! Ha ! Comme il s'est fait casser !
- La honte !
- Vos gueules !
- Hé ! Hé ! Mais il est mignon le garçon qui l'accompagne ! J'en ferais bien mon quatre heures ! »

Si Mâron attirait les machos musclés et sans cervelles, Hazel, lui, attirait les filles vulgaires ou les cruches qui voulaient se faire passer pour rebelles. Tous les deux avaient déjà eu de nombreux petits-amis et petites-amis, mais ils étaient toujours tombés sur ce genre de personnes, et ils s'en lassaient très rapidement. Jusqu'au point où ils décidèrent d'arrêter complètement les petits-amis. D'ailleurs, ils ne comprenaient même pas pourquoi ils avaient commencé à en avoir. Probablement juste pour voir quel intérêt les autres y portaient. Eux n'y avaient rien vu d'intéressant.

La loubarde prit une pose aussi provocante que sa tenue et tenta de caresser le dessous du menton de Hazel du bout de son index. Celui-ci lui attrapa prestement la main.
« Ôte tes sales pattes !
- Doucement, mon mignon. On ne parle pas comme ça aux demoiselles.
- Si tu veux jouer la "demoiselle", ne soit pas aussi vulgaire ! »
Cette dernière remarque acheva de jeter de l'huile sur le feu. Mâron, qui commençait à s'ennuyer d'attendre de donner une leçon de bonnes manières au tas de muscles, n'en fut que plus satisfaite. Hazel aussi d'ailleurs.

Avant que le gérant, qui avait senti que les choses allaient barder, n'ait eu le temps de leur demander de quitter son établissement, une demi-douzaine d'autres voyous se rassemblèrent autour des jumeaux. Ces derniers se jetèrent un regard, sourirent, puis se lancèrent sur la personne qui les avait le plus indisposé. Mâron fonça donc droit sur le tas de muscle, celui-ci n'eut pas même le temps de réagir que déjà la "petite blondinette" lui avait donné un coup de poing sur le sternum, il se tordit de douleur, le souffle coupé et se tenant la poitrine. Celle qui avait abordé Hazel eut plus de réflexes et leva la jambe pour tenter une attaque. Hazel esquiva en tournant sur lui-même et dans le même mouvement lui enfila un coup de pied sur le dos. Elle s'étala au sol. Premier k.o.

Au moment où Mâron avançait pour en finir avec son adversaire, d'autres voyous foncèrent sur elle, le poing déjà levé. Celle-ci évita leurs attaques au dernier moment en s'accrochant à la tête du tas de muscle qui n'avait pas encore récupéré son souffle. Elle se teint dressée sur les mains, appuyée sur lui une fraction de secondes, juste le temps pour que ses deux agresseurs soient suffisamment proches l'un de l'autre. Et là, elle se laissa tomber en ajoutant sa propre force sur ses genoux qui vinrent se fracasser sur la tête des deux voyous. Puis continuant sur sa lancée elle repoussa la tête de celui sur qui elle venait de s'appuyer pour reprendre de la hauteur et redressant l'avant bras, lui mit un coup de coude sur la nuque. Elle ratterrit élégamment. Plus que quatre.

Hazel, pendant ce temps, taclait l'un de ses adversaires. Celui-ci s'écroula sur le dos. Il se retrouva donc épaule à épaule avec Hazel. Ce dernier lui envoya un coup de coude au visage. Un autre l'attaqua avec un banc pris dans la salle, il tenta de frapper les jambes du jumeau avec, mais il ne rencontra que le sol. Déjà, Hazel avait levé ses jambes, son adversaire n'eut que le temps de voir les pieds de celui-ci arrivés sur sa figure. Il fut alors éjecté contre une machine de jeu qui fut endommagée sous le choc. Dans un même élan, le jumeau se remit debout et s'élança sur un autre loubard, l'éjectant violemment sur une machine qui encore une fois explosa. Mâron, quant à elle, défenestrait la dernière avec un jeté.

« Partons ! Cet endroit est un trou à rats !
- C'est ce que tu dis à chaque fois, sœurette.
- Ça, c'est parce que tu choisis toujours des endroits minables et que comme une idiote je te suis. »
Ils ramassèrent leurs vestes, toutes deux en jeans avec des cols en laine, ainsi que quelques pièces des machines d'arcades détruites. Hazel fouilla le grand loubard et prit son étui à capsules hoipoi.
« Hé ! Hé ! J'espère que t'as de belles caisses. En tout cas, maintenant, elles sont à moi. »

Ils sortirent de la salle de jeu. Les passants s'étaient entassés à l'entrée devant la fille défenestrée par Mâron. Hazel sortit une capsule et l'activa. Un skycar maquillé blanc en sortit.
« Waouh ! Pas mal ! »
Il monta dedans, lançant quelques expressions d'admirations. Il s'aperçut soudainement que sa sœur le fixait.
« Allons ! Ne fais pas cette tête, Mâron ! Monte ! On va aller dans un magasin de fringues ! Et on va essayer cette caisse pour voir ce qu'elle a dans le ventre ! »
Elle soupira, il n'était définitivement qu'un gamin. Elle monta dans le skycar. Hazel décolla et fonça à toute vitesse vers Jucshin, le quartier chic de la ville. Hazel était devenu un passionné des véhicules en tout genre et d'armes à feu, tandis que Mâron… Et bien, Mâron faisait semblant de s'intéresser aux vêtements et à la mode. Mais en réalité, rien ne l'intéressait vraiment, et de façon générale elle avait l'impression de s'ennuyer ferme, c'est pourquoi elle s'était choisie une "passion". Même si elle ne la "passionnait" pas, c'était encore ce qui l'ennuyait le moins.

Ils sortirent du skycar. Ils étaient dans une large et très étendue avenue avec des boutiques de luxe tout le long. On voyait facilement que les gens qui s'y promenaient étaient des hautes couches de la société, tous richement vêtus qu'ils étaient. Mâron se dirigea alors vers la boutique de vêtements qui lui semblait le moins ennuyeux. Tout le monde les regardait, mais pas à cause de leur beauté, plutôt à cause de leurs airs de racaille qui jurait avec les lieux. Entrant dans le vaste magasin avec des verrières au plafond, Mâron se fit interpeller par une vendeuse élégamment habillée et coiffée.
« Euh… Puis-je vous aider, mademoiselle ?
- Non, merci. »
Sa voix était suffisamment sèche pour dissuader la femme d'insister. Mâron essaya un très grand nombre de vêtements, ne remettant jamais rien à sa place. Elle prit bien une heure pour essayer toutes sortes de vêtements laissant tout en désordre au grand désarroi des employées. Comme à son habitude, l'adolescente mit discrètement dans une capsule hoipoi les habits qui lui plaisaient, laissa tout le reste sur place et sortit. Ni vu, ni connu. Les vendeuses n'avaient plus qu'à tout ranger et à constater lors de l'inventaire la disparition de certains de leurs articles.
« Au… Au revoir, mademoiselle. »

Mâron rejoignit son frère qui commençait à s'ennuyer à l'attendre dans le skycar.
« Le "shopping" a été bon ? »
Mâron ne répondit rien. Hazel haussa les épaules, démarra et ils s'envolèrent. L'adolescent continua à s'amuser avec son nouveau jouet un moment. Il allait le plus rapidement possible et s'en amusait beaucoup. Ils se firent même courser par la police, mais Hazel était vraiment très doué et il les sema facilement. Ils arrivèrent finalement dans les montagnes qui entouraient la ville. Il décida alors de changer de véhicule. Il essaya plusieurs capsules hoipoi, et tomba finalement sur un modèle rétro rouge à quatre roues.
« Parfait ! C'est ce qu'il nous faut ! Avec ça, on va pouvoir faire des virages serrés et de beaux dérapages. »

Ils passèrent ainsi une bonne partie de l'après-midi. Même Mâron avait apprécié ces prises de risques. Finalement ils stoppèrent le véhicule près d'une falaise pour se détendre. On y avait une vue imprenable sur Kita no Miyako. On pouvait observer toute l'agitation de l'ensemble de la ville, les grands buildings, les tours, les bâtiments ronds, les batisses sphériques posées sur des des pilones de béton, les skycars qui volaient, des montagnes brunes à perte de vue comme arrière-fond et un ciel d'un bleu sans nuages. Il faisait chaud pour une journée d'octobre. Ils restèrent un moment silencieux.

En principe aujourd'hui était un jour de lycée, mais ce n'était pas la première fois que les deux adolescents séchaient. En fait, ils allaient au lycée juste assez souvent pour ne pas être renvoyés. Cela leur donnait une excuse pour ne rien faire. Le plus incroyable était que leurs notes étaient stables, pas exceptionnelles, mais suffisantes. Ce qui faisait dire aux professeurs qu'ils pourraient être d'excellents élèves et faire de grandes études s'ils arrêtaient de "zoner", comme les deux jumeaux aimaient à le dire.

Le directeur avait convoqué leur père à plusieurs reprises, mais c'était peine perdue, cela faisait belle lurette que Nato n'avait plus la moindre influence sur ses enfants. Certains professeurs, consciencieux dans leur travail, avaient tout essayé pour susciter l'intérêt des deux lycéens. Mais rien n'y faisait. Les autres, plus nombreux, ne les considéraient que comme de la racaille et ressentaient même du soulagement quand ils ne venaient pas en cours. Ils ne comprenaient pas l'attention que leur portaient les professeurs qui voulaient les aider. Mâron et Hazel avaient la particularité de les rendre très nerveux. Les enseignants se rendaient compte qu'ils ne les impressionnaient pas le moins du monde, et même si les deux élèves n'avaient jamais agressé personne, que ce soit physiquement ou oralement, dans l'enceinte du lycée, ces instituteurs n'avaient pas le moindre doute qu'ils le feraient sans hésiter à la plus minime indisposition. C'était par ailleurs l'opinion de la plupart des autres étudiants du lycée. Ils connaissaient tous leurs activités en dehors des cours. La majorité d'entre eux préféraient éviter les jumeaux, seuls ceux qui faisaient parti des bandes de voyous, ou les personnes qui fantasmaient sur les "rebelles" osaient s'approcher d'eux, mais le plus souvent le frère et la soeur les envoyaient paître.

En fait, la plupart des activités des jumeaux consistaient dans le vol, les courses avec des véhicules et la bagarre avec des loubards. Le combat et les courses étaient à peu près les seuls choses qui les faisaient éprouver des sensations. Le vol, c'était parce qu'ils voulaient avoir ce qu'ils désiraient, mais n'avaient pas envie de travailler pour ça. Ils avaient cessé l'entraînement depuis près de trois ans. Les relations avec leur père s'étaient dégradées à un point de non-retour. Mais c'était exactement ce qu'ils voulaient. Nato avait fait à peu près tout ce qu'il pouvait pour se rapprocher d'eux, et parfois même les jumeaux avaient été touchés par ses efforts. Mais ils ne pouvaient pas, ils refusaient de revoir en lui un père. Le problème n'était pas tant de lui pardonner, ça ils l'avaient fait depuis longtemps. Le problème était plus profond. S'ils avaient accepté de recevoir l'attention qu'il avait refusée à leur mère, ils auraient eu l'impression de la trahir. C'était elle qui en avait eu le plus besoin, sans jamais la recevoir. Mais il était impossible de revenir en arrière. Plus rien ne pourrait rattraper ça. En tout cas, ils ne voulaient pas retrouver une vie de famille normale après ce qu'il s'était passé, pour les deux jumeaux cela aurait été la plus grande des injustices. Surtout après ce qu'elle avait dit sur la mort, à son décès… Ils ne pouvaient pas imaginer reprendre une vie heureuse, en sachant "où" était leur mère.

« Tu te souviens de quand elle est morte ? »
Mâron regarda son jumeau, surprise qu'ils pensent tous deux à la même chose. Elle sourit légèrement. Il n'était pas son frère pour rien.
« Comment je pourrais l'oublier ?
- Tu… Tu te rappelles de ces choses qu'elle a dit sur la mort ? »
Le visage de Mâron s'assombrit.
« Oui…
- Tu crois que c'était vrai ? Tu crois qu'elle est en train de souffrir en ce moment ? »

Mâron regarda Hazel, un peu étonnée, c'était la première fois qu'il lui parlait aussi ouvertement. À vrai dire, après la mort de leur mère, même si le frère et la sœur étaient restés très proches l'un de l'autre, ils n'avaient jamais eu de grandes conversations, et leurs discussions étaient somme toute assez superficielles. Alors de là à parler de leur mère et de sa mort... Mâron n'eut pas le temps de répondre, il le fit par lui-même.
« Quelle question idiote ! Bien sûr que oui ! Elle était déjà morte une fois. Elle savait à quoi s'en tenir… Et puis, malgré que Nato ait tenté de se rapprocher de nous après son décès, il n'a jamais voulu aborder ce sujet. Il s'est pourtant montré ouvert pour tout, y compris sur ce qu'il a ressenti durant les années juste avant… Mais la mort… Ça… … Quel monde pourri. »

Mâron réfléchissait. Toute une vie pour en arriver là. À quoi tout cela servait-il ? Oui, "pourri" était le bon mot. Elle se sentait prisonnière. La vie ne lui semblait d'aucun intérêt, mais la mort était bien pire. Elle était obligée de subir. Elle n'en voulait plus à son père depuis longtemps, mais elle en voulait à sa mère. Elle avait baissé les bras, elle s'était laissé aller, plutôt que de se battre. Si elle avait relevé la tête, elle n'aurait pas traversé et ne se serait pas fait renverser. Et leur vie aurait peut-être été différente. Mais rien ne servait de regretter le passé, et puis elle ne parvenait pas à haïr sa mère. Elle savait très bien que cette rancune était injustifiée, même si elle ne parvenait pas à s'en séparer. Et la savoir "là" où elle était, horrifiait Mâron.

« Elle a dit quelque chose ?
- Pardon ?
- … Elle… Elle a dit quelque chose avant de mourir… ? »
Mâron resta bouche bée un moment.
« Oui… »
Hazel qui regardait droit devant lui jusque-là, porta son attention vers sa sœur.
« Qu… Quoi… ? »
Mâron tourna sa tête de l'autre côté. Son frère ne voyait plus son visage. Elle resta un court instant silencieuse.
« Je ne sais pas…
- Hein… ?
- Elle a dit quelque chose, mais je n'ai pas compris quoi. J'ai voulu lui faire répéter, mais elle a fermé les yeux et le cardiogramme s'est mis à… … Je n'ai pas entendu ses toutes dernières paroles… »

Sa voix était tremblotante. Hazel n'insista pas. Il s'était toujours demandé quels avaient été les derniers mots de sa mère. Il ne savait pas pourquoi, mais quelque part il espérait que ces dernières paroles auraient pu le réconforter. Lui enlever cette impression que tout était vain. S'il les connaissait, sa vie aurait pu prendre une toute autre tournure, avoir un sens. Sa mère était en quelque sorte ce qui l'avait emprisonné dans cette vie, mais en même temps ce qui lui apportait l'espoir. Mais il savait qu'il y avait peu de chances que ses dernières paroles lui apportent le réconfort qu'il attendait, c'est pourquoi il n'avait jamais osé demander à sa sœur. Jusqu'à ce jour-là. Mais finalement elle n'en savait pas plus. C'était sûrement mieux pour lui. Au moins, il pouvait conserver ce reste d'espoir. Ses pensées se concentrèrent sur sa jumelle, elle avait été là pour ses derniers instants, mais elle n'avait pu comprendre ses derniers mots…

« Tu ne crois pas qu'on est pas très logiques… ?
- Comment… ? »
Elle le regarda, intriguée.
« Et bien, oui, même si nous ne savons pas exactement ce qu'il y après, nous savons au moins que c'est certainement pas très joyeux… »
Il marqua d'un ton ironique le mot "joyeux". Mâron ricana presque, tourna la tête devant elle en fermant ses yeux d'un air pensif et croisa les bras, avant de répondre.
« Tu t'imagines vivre une vie tranquille, bien rangée et bien propre ? Toute emplie de prudence et de sécurité ? Bien étudier pour avoir d'excellentes notes et pouvoir faire des grandes études ? Puis trouver un bon travail, avoir des ambitions ? Te marier ? Avoir des enfants ? Tout en sachant que maman est dans cet "après"… Sachant que tu l'y rejoindras un jour ou l'autre ? … Ainsi que tes enfants ? Tu crois pouvoir leur faire aimer le monde ?
- Humpf ! Pas vraiment ! »
Il fit une grimace. Elle lâcha un petit ricanement amer.
« C'est aussi entre autre pour ça que nous ne nous sommes jamais réconciliés avec Nato…
- Ça et le fait qu'il ait laissé coulé maman… ? Je ne sais pas pour toi, mais je ne lui en veux plus vraiment…
- Nous savons très bien tous les deux que là n'est pas le problème… La question n'est pas de lui pardonner ou non… Nous n'allons quand même pas prendre quelque chose qu'il a refusé à notre mère… »
Hazel regarda sa sœur, étonné. Alors ils pensaient exactement la même chose ? Il se reconcentra sur l'horizon.
« … Depuis combien de temps ne l'avons-nous plus appelé "papa"… ? »
Mâron entrouvrit légèrement la bouche, mais ne répondit rien.
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#13
Icon_biggrin bravo encore mais ... LA SUITE VITE!!! jusqu'ici pour moi c parfait continu c génial de te lire Icon_wink
[Image: papoyalteronewbk5.jpg]
PaPoY
Champion De La galaxie sud Invaincu Depuis Deux Siècles
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#14
Merci!! Icon_biggrin




Chapitre 5: Les Rifles




Ils rentraient dans leur quartier, parcourant la route goudronnée bordée de trottoirs aussi gris que les ennuyeux grands ensembles de locations rectangulaires ou hémi-ovoïdes du coin, entourés de pelouses rases en meilleur état et bien plus vertes que les buissons et les arbustes qui les parsemaient. Quelques petits parcs pour enfants, parfois en piteux état, complétaient le décors. Ils arrivèrent près de leur appartement. Hazel rangea le skycar type militaire, qu'il avait voulu essayer en partant de la falaise. Ils avaient décidé de rentrer pour prendre une douche et changer de vêtements, mais ils n'allaient pas rester à la maison. Il n'était encore que huit heures du soir. Le temps s'était rafraîchi. Au moment où ils allaient entrer dans leur immeuble, ils entendirent des voix venant du coin du bâtiment.

« Aller, gamin, file-nous le fric qu'on t'a demandé !
- Hé ! Hé ! Pas mal ! Beaucoup plus qu'on ne le croyait !
- Fu ! Fu ! Ça paie d'employer un gosse !
- La prochaine fois, tu nous en prendras encore plus. N'est-ce pas, Soy ?
- Qu… Quoi ? Mais… Mais vous m'aviez dit qu'après cette fois, c'était bon !
- Allons ! Allons ! Tu nous rapporte tellement que ce serait dommage d'arrêter !
- Mais… Mais mes parents vont finir par s'en rendre compte…
- Voyons, Soy, tes parents ne te soupçonneront jamais. Pas toi, le bon petit Soy. Et puis, ils ont un magasin, c'est pas avec le peu de fric que tu leur pique dans la caisse qu'ils vont s'appauvrir.
- Mais… Mais non, ils…
- Ça suffit ! Tu feras ce qu'on te dit ! À moins que tu ne veuille qu'on te brise tous tes petits doigts. Ou qu'on fasse un petit casse dans le magasin de tes parents. Là, c'est sûr, il ne leur restera plus rien…
- Quoi… Mais je… … D'accord…
- C'est bien ! Hu ! Hu ! »

Les deux raquetteurs se mirent à rirent et blaguer. Le quartier était devenu très mal fréquenté ces dernières années. Et Mâron et Hazel faisaient partie de ces mauvaises fréquentations. Mais une chose était sure, ils avaient horreur de ce genre de loubards, imbus de leurs forces mais incapables de l'utiliser contre des gens qui puissent riposter. Ils trouvaient particulièrement insupportable leur arrogance, alors qu'ils se comportaient comme les pires des cafards et étaient incapables de faire quoi que ce soit par eux-mêmes. Ils le supportaient d'autant moins que cela se passait dans leur quartier. Et puis ils trouvaient là un autre prétexte pour se battre. Les deux jumeaux allèrent les rejoindre. Et effectivement deux grands costauds, l'un chauve et l'autre avec des cheveux noirs en pics, portant des blousons noirs sur des jeans troués étaient face à un enfant d'une dizaine d'années, un petit rouquin, portant une veste de cuir brun usée et bien trop grande pour lui, par-dessus un t-shirt au nom d'un groupe de musique à la mode et un short kaki. Quand ils les virent, l'un des deux raquetteurs dit :

« Oh ! Vous deux… Je vous ai déjà vus. Vous êtes du quartier comme nous. Je sais que vous êtes de vrais durs. Mais il faut être équitable, alors si vous voulez lui soutirer de l'argent, je suis désolé, mais c'est chasse gardée. Mais on peut vous refiler une petite part, vous vous joignez à nous. Qu'en dites-vous ?
- Tu n'as pas d'ordre à nous donner ! » rétorqua Hazel
« Oh ! Oh ! Calme-toi ! Et puis, je suis sûr qu'en cherchant bien, vous trouverez votre propre poule aux œufs d'or. »
Ce disant, le loubard essaya de poser une main amicale sur l'épaule de Hazel, mais celui-ci la lui prit et la tordit violemment.
« Aaaaaaaah ! Mais t'es malade ?! Lâche-moi immédiatement !
- Je t'interdis de nous mettre dans le même panier que des larves telles que vous, gros tas de muscles sans cervelle !
- Hé ! Mais pour qui tu te prends, pour nous traiter de haut comme ça !? Vous ne valez pas mieux que nous ! Vous aussi n'êtes que des vermines ! »
C'en fut trop pour Hazel. Il lui enfonça un genou dans le ventre, et le voyou se plia. Hazel lui enfila son coude sur la nuque, son adversaire s'effondra au sol.
« Je t'avais dit de ne pas nous mettre dans le même panier. »
Son partenaire fonça sur Hazel.
« Tu va voir, sale… »
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Mâron se trouvait déjà devant lui. Elle laissa le poing de la brute passer dans son dos, tandis qu'elle lui donnait un coup de l'épaule gauche au torse. Elle accrocha sa jambe avec la main gauche et agrippa son t-shirt avec l'autre main, puis se servant de son épaule comme d'un appui, elle le souleva et le jeta au sol. Il tomba la tête la première sur le sol, assommé sur le coup.
« Keuf ! Quels minables ! » siffla Hazel.

Le jeune garçon resta un moment bouche bée. Il connaissait les jumeaux de réputation, de sale réputation. Mais non seulement ils venaient de l'aider, mais en plus ils avaient pu mettre à terre ces deux hommes près de deux fois plus massifs qu'eux. Il n'en revenait pas. Le frère et la sœur étaient sur le point de partir, lorsque Soy se décida à ouvrir la bouche.
« Euh… Me… Merci ! »
Hazel se retourna en souriant malicieusement.
« Pas la peine de nous remercier. Nous n'avons pas fait ça pour toi. Nous ne faisons que défendre notre territoire, et nous ne supportons pas ce genre de mecs. Reprends ton fric maintenant, et remets-le dans la caisse de tes parents.
- C'est que… Si je fais ça, ils risquent de m'en faire baver… »
En disant cela, l'enfant regarda les deux voyous. Le frère et la sœur le toisèrent un moment en silence. Puis Mâron revint sur ses pas. L'un des deux raquetteurs était encore à moitié conscient. La jeune femme décida de le réveiller complètement. Elle lui marcha donc sur l'auriculaire de la main gauche de façon à le lui tordre et le briser. Le pauvre diable se mit à hurler.
« Aaaaaaah ! Putain ! Mon doigt ! Mon doigt ! Tu me l'as pété ! Sale garce ! »
Mâron sourit sadiquement.
« Et bien alors ? C'est pourtant bien ce que tu menaçais de faire à ce gosse il n'y a même pas cinq minutes, non ? Incapable de supporter ce que tu te proposes de faire aux autres ? »

Son sourire s'effaça pour prendre une expression plus dure. Elle prit par les cheveux l'homme gémissant encore.
« Écoute-moi bien, sale larve ! Je vais être claire, à partir de ce jour, mon frère et moi, on va être sans arrêt sur vos dos à ton pote et toi. Car ici, c'est notre quartier. Alors si jamais votre comportement de petits cafards nous déplaît encore une fois, on ne vous cassera pas que vos "petits doigts". Est-ce que c'est clair ? »
Son regard et sa voix glacials avaient été plus que suffisamment effrayants pour qu'il hoche la tête en signe d'assentiment. Aucun son ne sortait plus de sa bouche.
« Bien ! Donne-moi l'argent que vous lui avez pris. »
Il s'exécuta sur-le-champ.
« Tiens, petit ! Voilà l'argent. Si jamais ils rejouent les idiots, dis-le-nous ! » dit-elle avec un sourire malicieux.
Elle s'adressa encore au voyou en reprenant un air menaçant.
« Si on apprend que vous faites pression sur lui pour qu'il vous couvre… »
La menace était plus que claire. L'homme déglutit. Mâron le lâcha. Il recommença à triturer son auriculaire cassé. Les jumeaux se redirigèrent vers l'entrée de leur immeuble.

« Att… Attendez ! »
Les jumeaux se retournèrent. Soy courut vers eux.
« Je m'appelle Soy. Et vous ? »
Les jumeaux ne répondirent pas. Ils continuèrent simplement à marcher vers l'entrée.
« J'ai un peu entendu parler de vous. Mes parents disent que vous vous bagarrez souvent dans le quartier et que vous êtes de la mauvaise graine. Mais je crois qu'ils ont tort. Vous frappez juste les sales types. N'est-ce pas ?
- Il nous prend pour des super héros ou quoi ? » pensa Hazel.
Mâron répondit : « Écoute, gamin. Comme mon frère te l'a dit, on a juste fait ça car ces types nous déplaisaient et parce qu'on aime se battre. Ne te fais pas d'illusion. »
Le petit rouquin lui fit un large sourire plein d'une malice innocente. Apparemment, il ne la croyait pas. Mais finalement elle s'en fichait, il pouvait croire ce qu'il voulait. Tandis qu'ils continuaient à se diriger vers l'immeuble, Soy poursuivait, ses yeux verts pétillant de joie.
« Vous êtes vraiment très forts. J'ai même pas pu bien voir comment vous les avez mis k.o. C'était trop fort ! En quelques secondes vous les avez étalés ! Bam ! Comment vous avez appris à vous battre ? C'était quoi cette technique ? Vous voulez me l'apprendre ? Vous vous appelez comment ? »
Hazel se dit en lui-même : « Mais il va se taire… ? Il commence à me gonfler. »
Mâron, elle, restait stoïque. L'enfant continuait de leur parler et entra en même temps qu'eux dans leur immeuble. Le hall contenait toutes les boites aux lettres, une bonne cinquantaine, les murs étant comme ceux du reste de l'habitation, d'un brun morne.
« Euh… Tu ne vas quand même pas nous suivre jusque chez nous… ? T'as des parents, non ?
- Ben… J'habite ici…
- Je vois… » reprit Hazel sur un ton las.

Il continua à les assommer de questions dans le spatieux ascenseur et à essayer de mimer les gestes de leur bref combat, et il put même obtenir leurs noms. Il sortit un étage avant eux.
« Ciao ! À bientôt !
- Oui, c'est ça… J'espère que tu vas déménager… »
Mais l'enfant n'entendit pas Hazel.
« Raaaah ! Ce qu'il a pu me pomper l'air ! On aurait peut-être mieux fait de laisser ces brutes s'occuper de lui… »
En même temps qu'il disait ça, il se tourna vers sa sœur et vit qu'elle souriait doucement. Il se mit aussi à sourire. Quand ils rentrèrent chez eux, leur père les attendait, dans son costard de travail noir, les cheveux attachés.
« Où étiez-vous passé ? Le directeur m'a appelé. Vous avez encore séché les cours ! »
Les jumeaux ne répondirent rien. Il continua.
« Mais qu'est-ce que vous avez à la fin ? Si ça continue, vous allez vous faire virer de votre lycée ! C'est ça que vous voulez ? Soyez un peu responsables ! Vous êtes encore allés vous battre ? Vous ne respectez même plus les principes des arts martiaux ! En plus cela fait trois ans que vous ne venez plus à l'entraînement !
- Et à quoi ça servirait ? Nous t'avons dépassé, » lui répondit froidement Hazel.
- Et ça vous donne le droit de vous comporter en vauriens ?! Vous ne deviendrez jamais des gens respectables si vous continuez ainsi. Ce n'est pas comme ça que vous parviendrez à être heureux.
- Et à quoi ça servirait d'être "respectable" ou "heureux" ? Qu'est-ce que cela peut bien faire, une fois que tout est fini ? »
Mâron avait dit ça sur un ton parfaitement détaché. Nato ne sut quoi répondre. Hazel se dirigea vers la salle de bain pour prendre une douche. Sa sœur alla dans sa chambre et jeta ses achats dans son armoire. La pièce était très simple. Un lit en bois clair avec des draps blancs sous la seule mais grande fenêtre de la chambre, une armoire et un meuble. Aucune décoration ou accessoire ne venait la décorer. Elle essaya plusieurs tenues pour décider ce qu'elle allait mettre ce soir-là et en prit finalement une au hasard. Encore un jeans bleu déchiré avec un pull noir et une veste assortie au pantalon, elle décida de garder sa ceinture, ses gants et les mêmes chaussures. Elle mit le tout sur son lit en attendant d'aller se laver. Puis quand son frère sortit de la douche elle y alla à son tour. Hazel conserva le mêmes vêtements, prenant juste un pull bleu marine et un blouson en cuir noir, enroulant son foulard par dessus. Après avoir mangé le repas que leur père avait préparé, les jumeaux sortirent immédiatement.

Nato, assis sur le canapé du salon, face à la télé éteinte, ne tenta même pas de les retenir. Il était fatigué. Il avait tout essayé pour reconstruire une vie familiale. Mais rien n'y faisait, ils ne formaient plus une famille. Ses enfants avaient obstinément rejeté toute tentative de rapprochement de sa part. Non c'était bien pire, ils avaient rejeté l'idée même du bonheur. Et il avait fini par se demander s'ils n'avaient pas raison. Toutes ces années, où il avait essayé de sortir ce qui restait de sa famille de ce désespoir dans lequel il l'avait lui-même plongée. Mais plus il faisait d'efforts, plus il se sentait embourbé dans ce désarroi. Il se sentait comme dans du sable mouvant, plus il se débattait, plus il s'enfonçait et se rapprochait de la noyade. Il avait l'impression que ses enfants, eux, étaient sous toute cette couche de sable depuis longtemps. Il se sentait complètement pathétique et impuissant. Il en vint à regretter l'époque où il s'enfermait dans son insensibilité. Il repensa à sa femme, Dona. Elle était morte à cause de cette insensibilité, à cause de lui. Elle souffrait à présent, bien plus que lui. Il se sentait coupable. Coupable de sa mort. Coupable de leur mort huit ans plutôt. Coupable de l'état actuel de sa "famille". Coupable de n'avoir pu protéger personne, d'avoir été faible… Il se mit à pleurer silencieusement, regardant le vide à travers la fenêtre du balcon à sa droite..

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Les jumeaux étaient dans le premier skycar qu'ils avaient volé à la bande du matin. Il faisait nuit à présent et ils étaient sur une grande route suspendue abandonnée, celle-ci allait être reconstruite. Elle était bordée des deux côtes par une barrière de béton. On voyait les lumières de la ville.

« … Keuf ! Cette caisse commence à me lasser, il faudrait que j'en prenne une autre.
- Tu vas encore t'en lasser. Tu te lasses toujours de tes nouvelles voitures.
- Et bien ! On a qu'à aller en piquer d'autres. Si on allait au magasin de capsules hoipoi du centre ville ?
- Celui que la Capsule Corp. a dernièrement ouvert à côté du centre commercial ? Il est fermé à cette heure.
- Et alors ? »
Mâron sourit à la réponse de son frère. Mais elle se concentra sur autre chose. Il lui semblait que la route se remplissait bien soudainement de véhicules en tout genre.
« Hazel.
- Oui, j'ai vu. Hé ! Hé ! On dirait qu'on nous cherche. On va bien s'amuser ! »

Hazel accéléra. Les véhicules du gang qui les poursuivaient, firent de même. Les deux jumeaux sourirent. Cela allait devenir intéressant. Le garçon augmenta encore sa vitesse, les poursuivants aussi. Une moto arriva à leur hauteur, du côté de Mâron. Le pilote regarda la belle blonde d'un air sadique. Il leva la main qui portait une énorme chaîne et porta un coup. Mais la jeune fille attrapa son arme sans difficulté. Elle tira un coup sec et fit chavirer le motard, son engin alla se crasher contre le béton bordant la route, tandis que le pilote s'accrochait encore à la chaîne dont Mâron s'étonna de la longueur. Son propriétaire l'avait enroulée autour de son corps. Elle faisait bien trois mètres. Finalement il lâcha prise. La blonde se mit alors debout sur son siège, prête à frapper de sa nouvelle arme tout nouvel assaillant. Un motard s'approcha encore de leur skycar, du côté de Hazel. Mâron l'assomma à coup de maillons. Mais elle entendit soudainement une détonation. Elle vit une petite étincelle sur la carrosserie. Elle regarda sa chaîne, puis se tourna vers Hazel.
« Ils nous tirent dessus. Et cette chaîne est bien utile pour se battre contre les motards, mais je ne pense pas qu'elle puisse faire quoi que ce soit aux voitures et aux skycars et encore moins nous défendre des balles. »

Quelques balles sifflaient. Mais les jumeaux s'étonnaient eux-mêmes de garder leur calme. Hazel zigzaguait depuis qu'on leur tirait dessus, mais Mâron parvenait à tenir en équilibre.
« Dans ce cas, il est temps pour moi de m'adonner à mon autre passion. »
Il prit une capsule, puis l'activant, un fusil et des munitions en sortirent.
« Tu veux bien prendre le volant ? »
Mâron jeta négligemment sa chaîne qui s'écrasa sur un skycar, en brisant le pare-brise. Le conducteur perdit le contrôle et alla se fracasser sur le bord de la route en emportant deux motos avec lui. La jumelle sauta sur le siège du conducteur en même temps que Hazel se mit en position. Il commença par tirer sur les véhicules transportant des membres armés. D'abord ceux à roues, dont il était plus facile de se débarrasser. Il visa les pneus. Un à un, deux de ces véhicules rétros allèrent s'écraser sur le bord de la route, emportant avec eux deux motos. Une fois le peu de ce type de véhicules maîtrisés, il s'occupa des moteurs des skycars. Encore une fois, il fit des cartons. Bien entendu, plus cela allait, plus les membres du gang poursuivant se sentaient humiliés et fulminaient. Mais il fut vite à court de cartouches. Il avait ainsi pu éliminer deux véhicules rétros, trois skycars et six motos. Mais il restait encore une vingtaine de véhicules au total.

« Désolé, Mâron, mais je n'ai plus de cartouches. Et les autres armes que j'ai piquées aux imbéciles de ce matin sont déchargées… Mais j'ai quand même réussi à me débarrasser de la plupart des tireurs. »
À ce moment, une balle vint se loger sur la carrosserie sous ses pieds.
« La plupart…
- Balance-leur les véhicules dans les capsules, crétin !
- Oh ! Excellente idée, sœurette ! »
Il prit alors les deux capsules contenant des véhicules, puis en sortit le contenu en même temps. Les poursuivants cessèrent un instant de fulminer, pour regarder, les yeux exorbités, les deux masses leur tomber dessus. Plusieurs des leurs furent emportés par l'attaque.
« Ha ! Ha ! Ha ! Excellent ! Bien fait pour ces idiots ! »
Une autre balle vint se loger à ses pieds.
« Ils me saoulent… J'ai encore failli me faire toucher…
- Keuf ! Accroche-toi !
- Que comptes-tu faire ? »
Il eut à peine le temps de réagir que sa sœur braqua complètement le véhicule à cent quatre-vingts degrés. Hazel eut du mal à ne pas être éjecté. Il retomba sur les fesses sur le siège du passager, la tête à l'envers. La conductrice profita de l'étonnement général pour foncer entre les véhicules et s'échapper derrière eux.

« Voilà ! Classique, mais efficace !
- Ha ! Ha ! Ha ! Tu m'étonneras toujours sœurette !
- Ça suffit ! Arrête de m'appeler comme ça. Et puis ce n'est pas fini. »
Hazel regarda derrière. Passé l'effet de surprise, le gang avait repris la poursuite. Et même si Mâron les avait quelque peu distancés, ils ne tarderaient pas à les rattraper.
« Qu'ils sont collants !
- Et ce n'est pas tout. »
Hazel regarda devant et vit que d'autres voitures se dirigeaient vers eux.
« Qu'est-ce que… ?
- Évidemment. Cela aurait été trop facile ! Ceux que nous avons dépistés tout à l'heure ont simplement sorti d'autres véhicules de leur capsules… »
Hazel regarda sa sœur pendant qu'elle expliquait ça, puis reporta son attention devant.
« Et merde ! Cette fois, on est mal… »
Des gouttes de sueur commencèrent à perler sur les visages des deux jumeaux. Mâron freina soudainement.
« Hé ! Mais qu'est-ce que tu fais ? T'es dingue ! ? On ne pourra jamais tous les vaincre, ils sont trop nombreux !
- On ne pourra jamais les semer non plus. Je vais essayer quelque chose. En espérant que ça marche… »
Hazel eut un air surpris, puis sourit.
« Je te fais confiance. »

Ils sortirent tous les deux du skycar. Ils étaient complètement encerclés. Ils jaugèrent ceux qui déjà descendaient de leurs véhicules en ricanant, prêts à en découdre. Dans le tas, ils reconnurent quelques uns des membres du gang qu'ils avaient étalés le matin.
« Je vois. C'est une vengeance… » souffla Hazel.
« Hé ! Hé ! Et oui ! Vous ne vous doutiez pas que nous faisions partie du gang des Rifles, hein ? Vous allez payer cette humiliation. »
Il commençait à s'approcher des jumeaux. Hazel lui jeta un regard qui le fit reculer.
« Grrr ! Tu vas voir si tu gardes toujours cette arrogance après qu'on se soit occupé de vous…
- Bon ! Où est le chef ici ? »
Elle avait dit ça avec une telle autorité que chacun des voyous stoppa ses mouvements. Elle avait une voix ferme, claire, parfaitement audible mais sans crier. Ils n'en revenaient pas. Comment deux personnes aux carrures si banales pouvaient-elles avoir une telle présence ? Mâron attendit quelques secondes, puis vit une voie se dégager parmi les loubards et une femme imposante apparut entre eux. Ses cheveux blonds foncés étaient tressés en une large natte. Elle était tout en cuir noir : veste, pantalon, larges bottes, serre-tête et un maillot qui permettait de voir tous ses abdos. Elle était vraiment bien bâtie, sans être un tas de muscles. Un regard noir et dur, elle avait vraiment du charisme.

« C'est moi. Qu'est-ce que tu me veux ? Tu veux me supplier de vous laisser en vie ? Négocier ? Désolé, mais c'est trop tard, il aurait fallu y penser avant de nous provoquer.
- Non, ce n'est pas ça. En fait, mon frère et moi savions parfaitement qui étaient tes sbires que nous avons étalés ce matin.
- Pardon !? Tu vois dans quelle situation vous vous trouvez ? Et tu me provoques encore ? Quelle impertinente ! »
Hazel regardait sa sœur, inquiet. Que cherchait-elle à faire ?
« En fait nous cherchions à te provoquer pour attirer ton attention. Nous voulions te rencontrer.
- Quoi ? Et pourquoi vouliez-vous me rencontrer ?
- Et bien, nous avions entendu parler de ta réputation. Et mon frère et moi cherchons depuis longtemps un adversaire à notre taille. Nous espérions voir à quel point tu es forte en nous battant avec toi chacun son tour. »
La cheffe eut un air très surpris. Quant à Hazel, il était bluffé par la petite improvisation que sa sœur venait de faire. Ils n'avaient jamais entendu parler des Rifles avant. Mais est-ce que cela allait marcher ?
« Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Tu as du cran, petite ! Je ne m'attendais pas à ça. Un bon petit combat ne serait pas de refus !
- Mais, cheffe… » tenta de protester une des victimes féminines de Hazel et Mâron.
« La ferme ! » Elle avait apparemment suffisamment d'autorité pour calmer facilement ses hommes et femmes.
« Mais avant… J'aimerais que tu fasses une chose. … Dis mon nom. »

Mâron ne s'attendait pas du tout à une demande pareille. Cette cheffe était plus maligne qu'elle ne le pensait. Elle regardait la jumelle avec un sourire satisfait. Comment allait-elle s'en sortir ? Il fallait qu'elle trouve quelque chose et vite.
« Barett. Tu t'appelles Barett. »
Mâron se tourna vers son frère.
« Je vois que ce n'était pas du bluff… Bien ! J'accepte votre défi ! »
Mâron n'en revenait pas. Comment Hazel avait-il pu savoir son nom ? Son jumeau était satisfait d'avoir deviné juste. La plupart du temps les membres des gangs se choisissaient un nouveau nom en rapport avec celui de leur bande. Le barett M82 étant le fusil* au plus gros calibre, la cheffe avait donc de fortes chances de choisir ce nom. Sa connaissance des armes venait de leur sauver la vie.

« Mais j'aimerais ajouter un petit peu de piment. D'après ce que m'ont raconté mes gars, vous avez l'air assez forts, c'est d'ailleurs pourquoi j'accepte ce défi, car moi aussi j'aime les combats intéressants. Mais pour en venir au fait, si je vous bats tous les deux à la suite, j'aimerais que vous rejoigniez mon gang. Des gens de votre trempe et de votre cran, c'est pas tous les jours qu'on en rencontre. »
Les jumeaux furent très surpris par cette proposition.
« Et si c'est nous qui gagnons ? » demanda Mâron.
- Hé ! Hé ! Je ne pense pas que cela arrivera, mais ok. On va dire que si l'un de vous gagne après que j'ai vaincu l'autre, nous repartirons chacun de notre côté, je reprendrais juste ce que vous nous avez volé. Enfin… Ce qu'il en reste. Mais le plus intéressant pour vous, c'est que si le premier à m'affronter gagne, vous deviendrez les nouveaux chefs du gang. »

Tout le monde poussa des exclamations d'étonnement.
« Taisez-vous tous ! Je suis votre cheffe ! Vous n'avez pas confiance ? »
Tous se turent. Les jumeaux, eux, n'en étaient que plus stupéfaits.
« Eh ! C'est intéressant comme proposition ! s'exclama Hazel. Je veux bien te croire, mais je n'ai pas l'impression que tes sbires soient d'accord, vont-ils nous obéir si on gagne ?
- Pour qui tu les prends ? Quand leur chef prend une décision, ils s'y tiennent. Dans notre bande, nous avons un sens de l'honneur et je fais toujours attention à qui j'enrôle. Qu'est-ce que vous en dîtes, vous tous ? »
Une clameur s'éleva pour confirmer.
« Tu vois ? Bien ! Par lequel de vous deux je commence ? »
Hazel s'avança. Mâron lui murmura discrètement.
« Eh ! C'est moi qui ai eu l'idée.
- Justement ! Pourquoi ce serait à toi de tout faire ? »
Elle sourit.
« Commençons ! » proposa Barett.

Les deux adversaires se jaugèrent un instant. Ce fut Hazel qui engagea le combat. Il courut vers Barett. Celle-ci resta sans bouger, attendant son attaque. Il lança son poing en direction de son visage, mais au dernier moment il tourna sur lui-même et lui envoya son pied vers la tête. Elle para le coup avec son poignet, mais fut quand même repoussée un peu arrière et grimaça face à la force du coup. Le garçon tenta de reprendre l'attaque, mais la femme lança un coup de paume qu'il décida d'éviter en reculant. Une petite pause se marqua. La cheffe frictionna son poignet endolori de son autre main.
« Eh bien ! Vu ton petit gabarit, je m'attendais à ce que tu te battes surtout en te basant sur ta vitesse. Mais à ce que je vois, tu as aussi des coups puissants.
- Hh ! T'es pas mal non plus. Tu attends le dernier moment pour parer et porter tes coups. »

Hazel se précipita encore vers son adversaire, il lança son poing et comme il s'y attendait, Barett l'attrapa au poignet. Elle essaya de porter un coup de sa main sur le visage de son adversaire, mais celui-ci l'ayant prévu, esquiva facilement en se baissant. Puis profitant de son élan et de la baisse de la garde de la cheffe, il lui donna un coup de pied dans le menton. Sa tête fut propulsée en arrière. Sachant que cela ne suffirait pas à la mettre k.o., il lui enfila une manchette sur le sternum. Se redressant pour se tenir la poitrine, elle lâcha le poignet de Hazel. Celui-ci fit un tour sur lui-même et lui donna un coup de coude dans le ventre. Puis, dans le même mouvement, il agrippa son adversaire par un bras et sa ceinture et la propulsa au sol la tête la première. Elle était k.o. Il y eut un gros silence. Personne dans le gang ne comprenait comment leur cheffe avait pu être vaincue aussi facilement. Ils n'eurent pas le temps de réagir qu'ils entendirent les sirènes de la police. Ils montèrent tous dans leurs véhicules et démarrèrent. Sans réfléchir Hazel prit Barett dans le skycar.
« Mais qu'est-ce que tu fais avec elle, idiot ??
- Euh… Je sais pas… »
Il la déposa à l'arrière et Mâron démarra au moment où il monta. La police s'était mise à poursuivre le gang, mais elle était encore assez peu nombreuse et ils avaient peu à en craindre. En principe, ils auraient dû se séparer pour semer la police, mais avec leur cheffe au bord du skycar des jumeaux, ils ne savaient que faire. Quant à Hazel et Mâron, ils pestaient de ne pouvoir se débarrasser des pots-de-colle.

« Vous vous êtes choisi des noms ? »
Ils se retournèrent. Barett venait de se réveiller.
« Pardon ?
- Des noms ! Vous êtes les nouveaux chefs du gang des Rifles, non ? Vous devez vous choisir un nom de fusil pour être des Rifles.
- Hein !
- Alors ? »
Hazel réfléchit. « Nous sommes des jumeaux. Nous pourrions prendre un fusil au nom double et se partager chacun un nom… Le mosin-nagant… ? Qu'en penses-tu, Mâron ? Moi, je prends Nagant et toi Mosin ? »
Mâron sourit.
« Pfff ! Quels noms nuls ! Mais ce sont des noms de fusil, on ne pourra pas faire mieux.
- Alors, Barett ? Ces noms ne sont pas pris, j'espère ?
- Keuf ! Si c'était le cas, les propriétaires en changeraient ! »

L'ancienne cheffe prit une capsule hoipoi, en sortit un mégaphone, se mit debout regardant en arrière et mis l'appareil devant sa bouche.
« Et alors petits imbéciles ?! C'est comme ça qu'on accueille vos nouveaux chefs !? Il faut montrer à Mosin et Nagant qui sont les Rifles ! »
Au bout de trois secondes, une clameur immense se fit entendre. Nagant et Mosin sourirent.
« Je sens qu'on va enfin s'amuser un peu. »
Sa sœur resta silencieuse, toujours souriante. Barett continuait à chauffer le gang, qui continuait d'accueillir leurs nouveaux chefs avec des clameurs. Au bout de quelques minutes, ils se séparèrent avant que leurs poursuivants ne deviennent trop nombreux et qu'il ne soit impossible de les semer.



* "Rifles" veut dire fusils en anglais.
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#15
cool Icon_biggrin bravo encore ptite question combien prevoies-tu de chapitres ?
Vivement la suite Icon_exclaim
[Image: papoyalteronewbk5.jpg]
PaPoY
Champion De La galaxie sud Invaincu Depuis Deux Siècles
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#16
Euh... Vaut mieux pas prévoir avec moi... Car au départ, je voulais faire six chapitres... Et actuellement j'écrit le chapitre... 10! Et ce n'est pas fini...

Mais pour répondre, je dirais, probablement onze ou douze chapitres au total. Mais avec moi, cela peut vite devenir seize chapitres... J'ai tendance à m'étendre...

En tout cas, je suis heureux que cela te plaise! Icon_biggrin
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#17
ok je sais à quoi m'en tenir cool et bien en tous cas jte félicite c archi bon pour moi et surtout bon courage Icon_wink
P.S: viteeeeeee la suiteeeeeeee !!!!!!!!
[Image: papoyalteronewbk5.jpg]
PaPoY
Champion De La galaxie sud Invaincu Depuis Deux Siècles
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#18
Je n'avais pas encore eu le temps de te la dire mais je te felicite! Ton histoire est prenante et tu ecris tres bien. Tu arrive a maintenir le lecteur en haleine et tu ne sors pas du contexte en y ajoutant des clein d'oeil. En + jaime trop les Cyborgs C17 et C18 cool Une histoire sur eux etait donc vraiment bien venue!
Je t'encourage donc a continué je suis curieux et impatient de voir la suite!
Songoku n'est pas le seul Super Saiyen au monde... il y en à un autre...
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#19
Merci pour vos encouragements! Voici la suite:




Chapitre 6: Les Corn




Au bord d'une falaise donnant vue sur Kita no Miyako, deux hommes se disputaient.
« Non ?! Comment ça, non ?! »
En hurlant ces mots, un vieil homme aux cheveux et à la moustache aussi grisonnants que son costume lançait un regard plein d'une fureur quasi démente à un jeune homme presque deux fois plus grand que lui. Ce dernier, malgré son aspect massif et peu avenant, avait une expression douce, bien qu'impassible. Il avait des yeux bleu ciel et une iroquoise rousse pour coiffure, il portait une sorte d'armure verte sur une combinaison noire.

« … Je refuse. Si je fais ça, beaucoup d'innocents vont mourir.
- Des innocents ? ! Qu'est-ce que ça peut te faire ? ! Tu n'es qu'un androïde ! Une machine ! Je suis ton maître ! C'est moi qui décide de ce qui est bien ou mal ! Tu dois suivre mes ordres ! Et je t'ai ordonné de détruire cette satanée ville ! Je n'ai cure de ses habitants !
- … J'ai été conçu pour tuer Son Gokû. Je ne veux faire de mal à personne d'autre.
- Tu ne me sers à rien si tu ne m'obéis pas. Il faut qu'on finisse les tests ! Tu as prouvé ta supériorité en tout point sur mes précédents androïdes en les battants tous en même temps. Ton autonomie dépasse toutes mes espérances. Mais il faut à présent que je mesure ta puissance brute et que je vérifie que tu ne perds pas d'énergie. Il faut que je sois sûr que tu pourras vaincre facilement Gokû et ses amis. Je veux l'humilier comme il m'a humilié et le faire souffrir le plus possible. C'est un ordre, N°16 ! Détruis Kita no Miyako !
- … Je… Je peux facilement vaincre Son Gokû. Mais je ne tuerai pas ses amis, je n'ai pas été programmé pour ça. Dr Gero, vos tests sont inutiles, je sais que je suis suffisamment fort.
- S… Sale tas de ferraille… Comment oses-tu désobéir à ton maître… ? … Puisque c'est comme ça… Ramène-nous au labo ! »

N°16 prit le Dr Gero par les aisselles et s'envola. Ils ratterrirent quelques kilomètres plus loin, près d'une grotte dont l'entrée était fermée par une énorme porte en titane massif. Il y avait un clavier devant l'entrée. Le vieil homme tapa quelques chiffres et la lourde porte s'ouvrit. Ils entrèrent dans le laboratoire. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer d'un laboratoire aménagé dans une grotte, les lieux étaient incroyablement bien rangés. Seuls les murs laissés à l'état de roche brute permettaient d'identifier les lieux comme cavernicoles. L'endroit était bien éclairé. De nombreux fils électriques, câbles et machines longeaient les murs. Plusieurs plans et petits appareils étaient éparpillés sur quelques bureaux qui étaient disposés dans la pièce et au centre se trouvait ce qui ressemblait à une table d'opération, cependant des installations électriques complexes montraient que cela ne devait pas être tout à fait une table d'opération. Mais ce qui attirait le plus l'attention dans la salle étaient des sortes de sarcophages métalliques munis chacun d'un hublot et numérotés de 9 à 16. Ils étaient tous adossés sur un mur, posés à la verticale sur des socles et des gros tuyaux en sortaient depuis leur sommet. Le dernier sarcophage, le numéro 16, était ouvert. Le Dr Gero pointa du doigt celui-ci.
« Retournes-y ! Tu ne me sers à rien. Je vais te désactiver. »
L'androïde regarda un instant son créateur en silence, puis il obtempéra. Une fois N°16 installé, Gero prit une sorte de télécommande qui se trouvait sur l'un des bureaux, s'approchant de sa créature, appuya sur le seul bouton. Instantanément, N°16 ferma les yeux et sombra dans l'inconscience. Le savant se dirigea alors vers le sarcophage et en referma le couvercle en pesant sur une touche sur son bord. Il s'éloigna alors et reposa la télécommande sur le bureau. Il resta un instant debout, en silence. Tout à coup, il renversa violemment plusieurs choses posées sur son bureau et frappa dessus.

« Et zut ! … Est-ce que je n'y arriverai donc jamais… ? … … Quand j'y pense, j'aurais parfaitement pu tuer Gokû depuis longtemps… Même si mes créations précédentes ont peu d'autonomie, c'est largement suffisant pour le détruire pour de bon. N°10 avait déjà suffisamment de force pour le vaincre lui et ses pathétiques amis… Et N°16 peut parfaitement éliminer Son Gokû. D'ailleurs, c'est seulement de lui dont je veux me venger. J'ai largement ce qu'il faut pour me débarrasser de lui, une fois qu'il sera ressuscité. Mais, ça ne me suffit pas ! Non, je veux l'humilier, lui enlever tout espoir, détruire tout ce qu'il a de plus cher ! Ses proches ! Ses rêves ! Je ne veux lui laisser aucune chance ! Lui faire comprendre son impuissance totale ! Lui faire subir ce qu'il m'a fait subir. Des androïdes imparfaits ne me suffisent pas ! … Bon sang ! J'ai passé ces onze dernières années à espionner Gokû et ses amis, à récolter des données sur eux, pour déterminer leurs points faibles, comprendre l'origine de leurs forces. J'ai même récolté leurs données génétiques. Et je n'ai toujours pas ce qui pourra me faire savourer ma vengeance ! … Attends… Leurs données génétiques… Ça me donne une idée, ça… »

L'homme se mit à sourire maléfiquement, puis il se précipita vers le fond de la pièce et descendit par une échelle métallique. La pièce en-dessous était principalement occupée par une grosse machine très complexe. Une installation électrique très compliquée jonchait le sol, et à nouveau d'autres machines et bureaux remplis de divers appareils et plans se trouvaient dans le sous-sol, toujours aussi bien éclairé qu'au-dessus. Gero se dirigea vers le gros appareil central et tapa quelque chose sur son clavier. Des données apparurent sur un écran. L'homme sourit encore machiavéliquement.
« Hé ! Hé ! Hé ! Je crois que je viens de trouver ce qui sera ma future créature parfaite. Tués par leur frère, ce sera pas mal… »

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Cela faisait maintenant deux mois que Hazel et Mâron, alias Nagant et Mosin, étaient chefs du gang des Rifles. Ils avaient quitté la maison de leur père et arrêté le lycée. Ils vivaient maintenant dans le hangar abandonné qui servait de quartier général à la bande. Leur père avait malgré tout réussi à retrouver leur trace en moins d'une semaine, et depuis il ne cessait de venir leur parler pour les convaincre de revenir chez lui. Mais cela était vain. Leur décision était prise, ils ne reprendraient jamais une vie normale, qu'ils savaient n'aboutir à rien. Ils préféraient rendre le déroulement de leur vie conforme à sa finalité.

Ils espéraient qu'en entrant dans ce gang, ils pourraient tromper leur désintérêt pour la vie. Mais ce ne fut pas le cas. Les seuls moments où ils ressentaient ça, étaient quand ils se battaient contre d'autres gangs. Mais ils se rendirent vite compte que ces occasions étaient assez rares et les activités principales du gang consistaient en divers vols, braquages et le recel de capsules hoipoi de toutes sortes. En tant que nouveaux chefs, Mosin et Nagant avaient à présent interdit aux membres de tuer qui que ce soit, car jusque-là, ils n'hésitaient pas à le faire dans leurs activités. Ils avaient tous deux une trop bonne idée de ce qu'était la mort pour accepter qu'on la donne ainsi. C'était une règle absolue qu'ils avaient instaurée. Ils avaient aussi stoppé le trafic de drogues dures auquel s'adonnaient les Rifles avant leur arrivée.

Il était environ dix-neuf heures, il faisait presque nuit et ils se trouvaient à présent devant un magasin de capsules hoipoi, le Capsule Corn, prêts à commettre l'un de leurs braquages. En réalité, en tant que chefs, les jumeaux ne participaient guère à ce genre de délit, c'était ceux qui se trouvaient le plus bas dans la hiérarchie qui s'en occupaient. Mais cela faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu de bagarre avec un gang rival, et ils s'ennuyaient ferme. Profitant de l'occasion, ils décidèrent de partir avec trois sous-fifres, espérant que la police arriverait et qu'ils pourraient ainsi se lancer dans une course poursuite.

C'était un quartier assez pauvre. Les bâtiments, bien que semblant habitables, avaient quand même un air délabré et ancien. Les ruelles étaient assez étroites et mal éclairées. Le magasin, bien qu'ayant l'air en meilleur état que la plupart des bâtiments, paraissait bien piteux pour un magasin de capsules hoipoi. Il n'était pas un affilié de la Capsule Corp., c'était certain. Encore une boutique vendant des imitations de la fameuse société, sans doute.

« C'est ça, votre coup... ? C'est miteux... » souffla Mosin, d'un air insensiblement contrarié.
« Euh... Oui... C'est vrai que c'est pas avec ça que nous ferons fortunes. Mais croyez-moi, ce genre de capsules se vendent comme des petits pains dans certains quartiers ! » répondit Mauser, un garçon plutôt maigre, chauve et avec une cicatrice sous le menton.
« Le genre de quartier où on les vole... » siffla Nagant.
Il n'obtint pas de réponse.
« Pff ! Vous êtes vraiment minables ! Enfin... Je suppose que l'on va devoir se contenter de ça... »

Ils prirent leurs armes. Et sortirent de la voiture, un modèle rétro rouge aux formes assez carrées. Mosin, Nagant, Arisaka et Benelli étaient les seuls à y aller, Mauser restant dans la voiture pour démarrer au plus vite. Arisaka était un homme blond, maigre, mais bizarrement assez imposant. Quant à Benelli, il était noir, les cheveux ras, assez quelconque, du genre à passer inaperçu. Ils portaient tous des vêtements chauds, c'était nécessaire en plein mois de décembre. Mosin et Nagant étaient coiffés de bonnets et avaient tous les deux les cheveux attachés, ceux du garçon étaient plus courts que ceux de sa sœur. Ils s'emmitouflaient tous deus dans leurs doudounes à capuches, toutes deux noires mais coupée plus courte pour celle de la fille. Le chef de gang donna un dernier conseil.
« N'oubliez pas : Les armes sont là pour garantie. Vous ne devez tuer personne. Sauf s'il s'agit de protéger vos vies. Mais s'il est nécessaire de maîtriser quelqu'un, blessez-le plutôt, si c'est possible, mais pas mortellement. »
Il reçut un sourd grognement pour toute réponse. Les deux chefs savaient que la nouvelle règle était loin de faire l'unanimité, mais ça leur était égal. Ils lancèrent tous deux un regard dur à leurs hommes. Ceux-ci déglutirent, détournèrent les yeux et se turent. Ils avaient compris. Leurs chefs ne les tueraient pas, mais ils pouvaient leur faire bien d'autres choses, ils le savaient pertinemment et préféraient donc obéir.

Après avoir dissimulé leurs armes dans leurs vêtements, ils pénétrèrent dans le magasin. À première vue, c'était un magasin de capsules comme un autre. Il y avait quelques allées où de nombreuses vitrines présentaient différents modèles de capsules : des capsules maison, des capsules autos, des capsules avion, etc. Il y a avait plusieurs exemplaires de chaque modèle et une fiche technique détaillant leur contenu se trouvait à coté de chacun d'eux. Mais la différence avec une boutique de capsules lambda était que ce n'étaient que des imitations, comme ils s'y attendaient, mais également des vieux modèles. Nagant prit un air méprisant. Ils allaient se contenter de ce qu'il y avait, ils n'étaient pas vraiment dans un quartier huppé.

Ils se dirigèrent vers le comptoir, déjà la propriétaire les accueillait avec un sourire un peu inquiet et un "bonjour" un peu forcé, pendant que son mari regardait par-dessus son épaule méfiant. Mosin et Nagant eurent l'impression que les deux propriétaires les reconnaissaient, et à vrai dire, leurs visages leur étaient aussi familiers. La femme avait des cheveux roux parsemés de mèches grisonnantes, attachés en chignon. L'homme avait des cheveux parfaitement noirs. Ils devaient avoir entre la quarantaine et la cinquantaine et portaient des chemises bleues de travail. À leur regard inquiet, les jumeaux surent qu'ils se doutaient de ce qui allait se passer, mais qu'ils devaient espérer qu'ils se trompaient. Mosin comprit que la femme était déjà prête à appuyer sur l'alarme. Cela ne servirait à rien, ils auraient largement le temps de prendre ce qu'ils voulaient, et même si la police arrivait, cela n'en ravirait que plus les deux chefs de gang. Ils allaient sortir leurs armes, lorsqu'ils entendirent une voix enfantine et joyeuse derrière eux.
« Mâron ! Hazel ! Qu'est-ce que vous faites là ? »

Ils se retournèrent et virent un enfant qui leur courait après, habillé dans un gros pull-over vert et un pantalon noir.
« Soy ?
- Salut ! Vous vous rappelez de moi ? Ça me fait plaisir !
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Eh bien, c'est le magasin de capsules de mes parents. »
Les jumeaux en furent très surpris. Le monde était petit. Ils savaient au moins où ils avaient déjà pu apercevoir les gérants. Leurs deux sbires les regardèrent interrogateurs. La sœur et le frère se ressouvinrent de ce qu'ils étaient venus faire. Ce qui s'était passé avec Soy, deux mois auparavant, leur revint aussi à l'esprit. Ce qu'ils avaient dit à ses agresseurs… Finalement, ces derniers avaient eu raison. Les jumeaux ne valaient pas mieux qu'eux : de la vermine. Ils avaient été sur le point de faire exactement ce qu'ils avaient toujours eu en horreur : s'en prendre à des gens qui étaient incapables de se défendre. Un défi facile, face à des victimes faciles. Et cela, simplement par ennui… Ils se dégoûtaient profondément. Soy remarqua leur trouble, bien qu'il n'en saisit pas la raison, mais il ne dit rien.

Les deux chefs firent alors signe à leurs sous-fifres. Ceux-ci comprirent, poussèrent un léger grognement et s'en allèrent. Mosin et Nagant allaient en faire autant, mais Soy les retint, d'un air déçu.
« Vous partez déjà ? »
Qu'est-ce qui lui prenait à ce gosse ? Qu'est-ce qu'il leur voulait ?
« Soy ? Ce sont les deux vo… Enfin… Les deux enfants de M. Nuss. Comment les connais-tu ? »
Le petit garçon déglutit et passa son index sur son oreille.
« Euh… C'est-à-dire que…
- Soy… ! »
Cette fois-ci, sa mère lui faisait des gros yeux, assistée du père. Elle ne faisait plus du tout attention aux deux jumeaux.
« Eh… Eh bien, vous vous souvenez quand vous avez découvert que j'avais pris de l'argent dans la caisse ?
- Quoi ?! Ne me dis pas que ce sont eux, tes deux raquetteurs ? Colza, appelle la police ! »

Le père s'apprêtait à prendre le combiné.
« Nooon !! Attends ! Ce ne sont pas mes raquetteurs ! Ce sont eux qui m'ont aidé et rendu l'argent !
- Comment ?! Mais tu ne nous avais pas dit que c'était toi qui le leur avais repris par la "ruse" ?! Explication qui m'avait semblé louche, soit dit entre parenthèses... » intervint le père.
- Euh… Je vous ai menti… Je pensais que vous seriez en colère… Si… Enfin… Vous voyez… »
Il regarda les jumeaux du coin de l'œil, et repassa encore un une fois son doigt sur le lobe de son oreille.
« Mais qu'est-ce que tu racontes ? Au contraire, nous sommes ravis ! Et tu aurais dû nous le dire ! Comme ça, on l'aurait dit à M. Nuss, cela l'aurait rassuré !
- Oh ! Mais je lui ai dit ! Mais je lui ai demandé de ne rien vous dire... »
Ses parents lui jetèrent un regard noir.

Mme Corn détourna les yeux en direction des jumeaux, puis s'approcha d'eux et dit : « Je vous remercie infiniment d'avoir aidé mon fils. »
Elle leur prit successivement la main. Les jumeaux étaient un peu perdus et ne savaient pas quoi dire. La femme ajouta avec le sourire : « Je suis heureuse de voir que vous n'êtes pas aussi infréquentables et irrécupérables que vous n'en avez l'air… »
C'était un compliment, ça ?
« Maintenant que je sais ça… »
Elle leur mit soudainement une grande gifle à chacun. Les jumeaux ne l'avaient pas vu venir. Ils en restaient les bras ballants.
« Ba… Barley… » tenta de bredouiller son époux.
« Tais-toi, Colza ! »
Elle se tourna à nouveau vers les jumeaux.
« Non, mais est-ce que vous vous rendez compte de l'inquiétude que vous donnez à votre père ?!? Durant une semaine après votre disparition, il n'a pas arrêté de harceler le quartier pour avoir des renseignements et essayer de vous retrouver !! Le voyant aussi désespéré, j'ai essayé de le soutenir. Mais c'est de vous dont il a besoin ! Et une fois qu'il vous a retrouvés, vous avez osé refuser de le suivre ! Et pourtant, il n'abandonne pas : Il continue de tenter de vous ramener ! Vous avez un père vraiment dévoué ! C'est un homme formidable ! Vous devriez avoir honte de vous ! ... »
Elle continua de les enguirlander un bon moment. Les jumeaux en étaient abasourdis. Chaque fois qu'ils essayaient de répliquer ou de faire mine de partir, elle redoublait ses hurlements. Leur père avait essayé pas mal de choses, mais pas une méthode aussi énergique. Mais le fait était, qu'étrangement, ils ne pensaient plus du tout à leur mère, ni à leur désintérêt pour la vie. La seule chose à laquelle ils pensaient, était partir. Ils auraient pu l'envoyer balader facilement, elle aurait été incapable de se défendre contre eux. Pourtant, elle les tenait en respect, et ils n'osaient rien répliquer. Ils en étaient presque tétanisés. Colza et Soy étaient dans le même état.

Quand elle cessa finalement sa leçon de moral, les jumeaux étaient sur le point de partir, hébétés, mais elle les arrêta brusquement.
« Attendez ! »
Hazel se retourna avec un sourire nerveux, tandis que Mâron levait les yeux au ciel.
« Qu... Quoi...? » demanda anxieusement Hazel.
« Vous n'étiez pas venus acheter des capsules ? » leur dit-elle avec le plus large sourire commercial du monde.
Les jumeaux et la famille de la femme en perdirent l'équilibre. Le frère et la sœur prirent quelques capsules au hasard et sortirent. Leurs sbires n'étaient plus là. Ils en avaient certainement eu assez d'attendre. Mosin et Nagant remarquaient que plus ça allait, plus ils avaient du mal à se faire respecter. La cheffe de gang allait sortir une capsule skycar, quand une femme arriva vers le magasin. Quand elle vit les jumeaux, elle resta figée. Elle était brune. Elle les regardait d'une drôle de manière, presque terrorisée, mais pas comme une peur d'un danger, non, autre chose. Hazel avait l'impression de la reconnaître. Mais il ne savait pas d'où... Il allait ouvrir la bouche, quand elle se décida à entrer dans le magasin. Mosin sortit donc le skycar de la capsule qu'elle venait d'acheter, c'était un vieux modèle, bleu marine. Les deux chefs soufflèrent dédaigneusement. Les jumeaux allaient démarrer, quand ils entendirent encore Soy les appeler.
« Attendez ! Est-ce que vous pourriez me ramener à la maison ?
- Et puis quoi, encore ? Tu nous prends pour tes chauffeurs privés ? » cingla Nagant.
« Mais... C'est vous qui m'aviez dit de vous prévenir si jamais on m'embêtait... » dit-il en prenant un air triste.
« Les deux crétins se sont remis à te chercher des noises ? » intervint Mâron.
« Ben... Pas vraiment, mais comme ils ne vous voient plus depuis longtemps, j'ai peur qu'ils recommencent...
- C'est ça ! On ne fait pas dans la prévention, le mioche ! Et puis ce n'est plus notre territoire ! » en disant cela, Nagant commença à démarrer le skycar.
« Mais... » Il leur lança un regard suppliant. En voyant cela, Hazel leva les yeux au ciel.
« Hh ! Je suis trop gentil ! »
Le gamin bondit de joie.

« ... Je lui ai dit qu'il avait triché et qu'il était hors-jeu, mais il a dit que non et il a commencé à s'énerver ! Mais heureusement, mon copain Sushi avait tout vu aussi, alors l'autre s'est rendu compte à quel point il avait l'air stupide et il est parti, en grognant. Vous connaissez la série Bioguys ? Elle est géniale ! Je fais la collection des cartes ! Mon amie Yakitori, vous savez celle qui a commencé à faire du kempo du lion il y a deux mois, ben, elle m'a dit que l'acteur qui joue le rôle du Bioguy rouge et l'actrice qui joue la Bioguy verte, ben, ils font leurs propres cascades ! Je lui ai parlé de vous et lui ai dit que vous étiez encore plus forts que les Bioguys, mais elle n'a pas voulu me croire ! Moi, je lui ai dit que... »
Durant le trajet, Hazel et Mâron eurent tout le loisir de comprendre à quel point ils n'avaient eu qu'un échantillon du bavardage du petit garçon lors de leur première rencontre. Il leur racontait tout et n'importe quoi, mais rien que les jumeaux puissent retenir de la conversation à sens unique. Hazel était passablement agacé, quand il regarda sa sœur, il constata que Soy avait encore réussi à la faire sourire, en fait, elle riait presque. Il réalisa soudainement que depuis qu'ils étaient entrés dans le magasin, il n'avait plus du tout ressenti le vide qu'il ressentait habituellement. Il se mit à sourire aussi.

Une fois arrivés dans leur ancien quartier, ils en firent lentement le tour, pour donner un signal clair aux voyous du coin. Les HLM et les pelouses parsemées de quelques arbres qui composaient ce lieu leur paraissaient toujours aussi froids. Mosin et Nagant se rendirent compte qu'étrangement, ils ne ressentaient rien de particulier à se balader près de leur ancien appartement. Ils ramenèrent Soy devant le bâtiment où ils habitaient auparavant. Au moment de se séparer, Soy allait partir, puis il se retourna.
« Vous n’allez pas voir votre père ?
- Et pourquoi nous ferions ça ? » répondit Nagant.
« ... Parce que c'est votre père...
- Et alors ? »
Le petit rouquin ne sut que répondre au jumeau. Cela lui paraissait tellement évident. Il prit un regard perdu et se tritura l'oreille.
« Dis-moi, c'est ta mère qui t'as poussé à nous demander de t'accompagner, hein ? Pour qu'on aille voir notre père.
- Hein ! Non ! Non ! Pas du tout ! »
Il dit ça d'une manière précipitée. Mâron le fixa silencieusement. L'enfant baissa les yeux.
« D'accord... C'est vrai... Mais je voulais aussi que vous fassiez peur aux voyous, pour de vrai ! Hein !
- Dis à ta mère de s'occuper de ce qui la regarde, » dit sèchement Nagant.
« Pourquoi tu ne le lui as pas dit toi-même, tout à l'heure ? »
Un court silence s'installa suite à la remarque de Soy.
« ... D'accord. Un point pour toi...
- Depuis que vous êtes partis, ma mère est devenue amie avec votre père. »
Il se tut un petit moment, pensif.
« Ma... Ma grande sœur a disparu, il y a trois ans. Je n'ai pas tout compris à ce qui s'est passé, mais mes parents m'ont dit qu'elle a été mal influencée... C'est tout ce qu'ils m'ont dit. Je pense que c'est à cause de ça que ma mère essaie de vous aider. »

Un silence plus lourd s'imposa. Hazel le brisa.
« Entre notre père et nous, c'est plus compliqué que vous ne le croyez...
- Pourtant, il a l'air gentil. Et il a l'air de beaucoup vous aimer.
- Nous le savons... Ce n'est pas ça le problème, » répondit Mâron.
« Alors, c'est quoi ? »
Après un silence, Mosin dit : « Je crois qu'il vaut mieux qu'on parte... Allons-y, Nagant. »
Ils s'installèrent dans le skycar.
« Attendez ! Est-ce qu'on va se revoir ?
- Tu sais, gamin, contrairement à ce que tu crois, nous ne sommes pas des gens fréquentables. Nous faisons partis d'un gang. Il vaut mieux pour toi que tu nous oublies, » lui répondit Nagant.
« Moi, je crois que vous n'êtes pas si méchants que vous le dîtes ! »
L'enfant avait pris une voix assurée. Les jumeaux ne répondirent rien.
« S'il vous plaît ! Je ne vous parlerais plus de votre père. Et puis, et si jamais les deux sales types reviennent me raquetter ?
- Arrête tes bêtises ! » lui cria presque Mosin.
L'enfant se tut et détourna les yeux.
« ... Je crois que nous n'avons pas pris toutes les capsules que l'on voulait. On reviendra au magasin de tes parents. »
Soy fit un large sourire à cette réponse de Hazel. Ils démarrèrent alors.

Durant le chemin de retour, Mâron dit à Hazel :
« Comment ce gosse fait-il pour me donner à la fois envie de l'étrangler et d'éclater de rire comme je ne l'ai jamais fait... ? »
Hazel porta son regard sur sa soeur, qui le lui rendit, et les deux éclatèrent de rire ensembles. Le rire se calma. Mâron reprit plus sérieusement :
« On va ordonner à nos hommes de ne plus s'attaquer aux magasins des quartiers pauvres...
- Fu ! Ils n'aiment déjà pas que l'on ait interdit le meurtre et le trafic de drogues dures. Ils ont de moins en moins de respect pour nous. Cette décision n'arrangerait pas les choses. »
Mâron ne répondit rien. Hazel continua :
« ... Nous trouverons bien un moyen pour compenser ça. Et si nous devenions la terreur des autres gangs ? »
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#20
cool Icon_wink la suite please
[Image: papoyalteronewbk5.jpg]
PaPoY
Champion De La galaxie sud Invaincu Depuis Deux Siècles
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